Anaïs, qui vit à Fleurieux-sur-l'Arbresle et travaille à Lyon, emprunte cette ligne plusieurs fois par semaine. Elle a créé la page Facebook "Tram-train Sain-Bel St-Paul Entraide usagers" pour fédérer les voyageurs. Et ces dernières semaines, elle a reçu des milliers de messages de voyageurs mécontents :
"Les gens sont tous écrasés les uns les autres dans le train. On essaie, on s'entasse, on s'énerve... Quand on voit qu'il y a un bus, on est dans le stress de savoir s'il y aura ou non de la place... La dernière fois que je l'ai pris, des gens étaient assis en plein milieu ! Ce n'est pas légal, mais le conducteur a voulu arranger tout le monde. Après, il m'a laissé à un arrêt, un rond-point éloigné de la gare. J'ai dû marcher dans le noir, sur le bord d'une route de campagne, plusieurs kilomètres jusqu'à ma voiture... Ça devient invivable !"
Depuis septembre, les conducteurs des lignes 21, 22 et 23 qui desservent Brignais, Sain-Bel et Lozanne, sont en grève. Un mouvement "perlé" de 59 minutes par jour, afin de réclamer des évolutions de carrière et les mêmes salaires que les conducteurs de trains classiques. Les négociations étant au point mort avec la SNCF et le préavis courant jusqu'au mois de janvier, la situation risque de s'éterniser. Et l'exaspération des usagers grandit, comme le constate Anaïs Louro :
"Il faut qu'on consulte tous les soirs les horaires des trains disponibles le lendemain. On doit s'adapter aux bus de substitution, qui doublent le temps de trajet. Ils sont blindés et les chauffeurs ne connaissent pas toujours le trajet. Très souvent, les trains annoncés, finalement, ne viennent pas, et quand on a l'information sur l'application, c'est à la dernière minute, quand on est déjà sur le quai. Imaginez les écoliers, les lycéens, à la gare, très tôt le matin et très tard le soir... C'est un stress quotidien"
La région Auvergne-Rhône-Alpes et la SNCF temporisent
Trains annulés, horaires annoncés au jour le jour, bus de remplacement en nombre insuffisant, effectuant des trajets limités et avec des conducteurs mal informés sur leur parcours : face à ce quotidien compliqué, les abonnés réclament des indemnisations. Certains abonnements coûtent en effet plus de 100 euros par mois, malgré ce service réduit.
La SNCF a refusé les demandes d'indemnisation, estimant qu'un service minimum était assuré. Contactée, la compagnie n'a pas souhaité faire de commentaires sur le mouvement social en cours, mais a reconnu être "consciente de la gêne occasionnée pour les voyageurs", et a assuré tout mettre en œuvre pour mettre à jour l'offre de transports, chaque après-midi, dès 17h.
De son côté, la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui finance une partie de ces lignes de transport, n'a pas, non plus, commenté ce conflit social privé. "À ce stade", confie le service communication de la région, le président Laurent Wauquiez "n'est pas intervenu" dans ce dossier.
"Personne n'y trouve son compte", conclut Anaïs Louro :
"La SNCF pense que ça n'impacte pas les usagers, parce qu'il y a un service minimum. Certains ont dû poser tous leurs jours de congé, quand il n'y avait pas de trains. Sinon, il faut prendre sa voiture, faire une heure et demie de route, surcharger le tunnel sous Fourvière et renoncer à ses engagements pour l'environnement. Et de leur côté, les salariés, qui font grève pour des raisons probablement légitimes, ne sont pas payés. Il faut que la voix de tout le monde soit entendue, usagers comme salariés, et que la région comprenne que ça joue vraiment sur le moral des habitants de l'ouest lyonnais."
Un mouvement de grève plus large débute à la SNCF
La CGT, SUD-Rail et la CFDT ont lancé un appel à la "grève unitaire", alors que les négociations annuelles obligatoires (NAO) débutent ce mercredi à la SNCF, en particulier sur la question des salaires. Trois jours après la grève massive des chefs de bord (contrôleurs), qui a conduit à l'annulation de 60% des TGV et Intercités ce week-end, les usagers doivent se préparer à une nouvelle journée de perturbations.
TER
Perturbations attendues dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Occitanie et Sud.
Transilien
Difficultès sur les lignes C, D, E et N en Ile-de-France.
TGV
"Certaines circulations TGV ou Intercités pourront également connaitre des annulations, en particulier sur l'axe TGV Paris – Lyon en raison d'un mouvement social local des aiguilleurs de SNCF Réseau, ainsi que les TGV au sud de Bordeaux" écrit la SNCF.
Les voyageurs sont invités à vérifier la circulation des trains, la veille à partir de 17h Les clients concernés seront informés par mail ou sms, en cas d'annulation. Ils pourront échanger leur billet ou être remboursés à hauteur de 100% du prix avant le départ.