LYON : UN AN APRÈS LE DRAME DE LA ROUTE DE VIENNE, LE QUARTIER SE RELÈVE

Au numéro 125 de la route de Vienne, le trottoir est toujours condamné. De l'explosion, il reste les décombres encerclés par une palissade couverte d'œuvres de street art. "J'ai une pensée pour eux chaque fois que je passe devant", commente Jean-François Grillet. Peu de temps après l'incendie, le directeur général de Rézo 1901 qui regroupe des associations du quartier avait lancé une cagnotte en ligne "pour aider les proches, le papa surtout."

Jean-François Grillet, route de Vienne à Lyon. © Radio Scoop

Julien D'Antonio avait survécu en sautant de la fenêtre du logement pris par les flammes. L'incendie s'était déclaré après l'explosion d'une boulangerie située au rez-de-chaussée, causant la mort de Clara enceinte de huit mois et de sa fille Anna âgée de 4 ans. "C'était choquant. Dans les jours qui ont suivi, les gens avaient déposé des fleurs... Terrible", se souvient Véronique qui habite la même rue.

Fin mars, le président de la Métropole annonçait le lancement d'une mobilisation concertée pour le quartier du Grand Trou. Objectif : réunir autour d'une même table habitants, élus locaux, commerçants et associations pour "tirer le quartier vers le haut", promettait à l'époque David Kimelfeld.

Sécurité, trafics, propreté, problème de voirie : autant de sujets abordés en profondeur à l'occasion de réunions organisées régulièrement. "Pour une fois, nous avons été écoutés", ajoute Jean-François Grillet pour qui le quartier "a longtemps été abandonné des politiques publiques." Depuis, un chef de projet a été embauché par la Métropole pour prendre les choses en main et plus récemment, une subvention d'un million d'euros a été allouée aux différents projets de quartier allant de la rénovation des trottoirs à l'éclairage public.

L'été prochain, plusieurs immeubles donnant sur la route de Vienne seront démolis. À la place, une maison médicale pourrait bien voir le jour. Des jardins seront aménagés aux alentours et des changements au niveau de la voirie sont prévus. "Le quartier va changer dans les prochaines années, certains projets prendront du temps", conclut Jean-François Grillet. "Il faut rester patient."


Au-delà du traumatisme, les commerçants de la route de Vienne ont beaucoup souffert les mois qui ont suivi l'incendie. La route n'a rouvert complètement qu'au mois de juin. "L'été n'a pas été bon, depuis septembre ça redémarre", explique Eric Triolaire, gérant de la pharmacie voisine.

Eric Triolaire, gérant de la pharmacie voisine. © Radio Scoop

"On a réussi à pérenniser la présence de la Poste pour au moins deux ans, c'était important. Après, il faudra aussi reconstruire les immeubles", poursuit le pharmacien qui préside aussi l'association d'une vingtaine de commerçants du quartier. Bien avant l'explosion de l'hiver dernier, deux immeubles s'étaient effondrés route de Vienne au printemps 2018, sans faire de blessés.


Parmi les quatre personnes mises en examens dans cette affaire, les deux associés de la boulangerie sont toujours en détention provisoire, soupçonnés d'avoir provoqué l'incendie pour toucher les assurances.

Deux autres personnes ont été placées sous contrôle judiciaire. Il s'agit de proches du principal suspect qui a été interpellé en juillet dernier en Tunisie, où il est actuellement incarcéré selon le parquet de Lyon.