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RENTRÉE : QUE FAIRE FACE AUX PLEURS DE SON ENFANT ?

Vendredi 6 Septembre - 05:40

Actualité


Un enfant qui pleure - © DR
C'est un cauchemar pour de nombreux parents, en cette période de rentrée : des enfants qui font des crises au moment d'arriver à l'école ! Ils pleurent, hurlent, s'accrochent au cou de leur parents… Mais il existe des solutions pour en sortir.


Radio SCOOP vous livre les explications et les conseils de Lise Rosier, psychologue libérale et en Institut Médico-éducatif dans la Métropole de Lyon et en Saône-et-Loire.

Un phénomène répandu


Les pleurs à la rentrée, c'est un phénomène classique, surtout pour les plus petits, qui ont besoin de manifester leurs émotions à travers les pleurs. En général, c'est en maternelle, à l'entrée en CP, ou lors de changements d'école, de déménagements… Ensuite, quand les enfants grandissent, l'expression du stress et de l'angoisse passe par d'autres manifestations : se ronger les ongles, mal dormir à la veille de la rentrée…

Trois types de peurs


On peut dire qu'il y a trois types de peurs, à la rentrée. D'abord, la peur de la nouveauté. Quel professeur vais-je avoir ? Qu'est-ce que c'est, l'école ? Dans ce cas, cela dépend de la solidité interne que les enfants ont construite, et au fil du temps, cela peut s'apaiser. Ensuite, il y a la question du rapport à l'école : apprentissages, socialisation, acceptation des règles… Parfois, l'année précédente a été compliquée, et ils n'ont pas envie d'y retourner. Le troisième enjeu est celui de la séparation, notamment pour les plus petits. Ce moment de la rentrée fait écho aux premières séparations, à la crèche ou chez la nounou, par exemple.

Comment identifier le problème ?


Il est plus simple de définir la problématique, quand on connaît son enfant, et qu'on peut l'observer de manière tranquille. En tant que parents, on part avec son propre vécu, sa propre histoire par rapport à la scolarité, et parfois, cela brouille le message. On projette notre propre angoisse sur l'enfant, alors que pour lui, il ne s'agit pas de ça. Si l'on arrive à prendre un peu de recul sur notre propre histoire, pour observer l'enfant dans une position plus objective, souvent, il nous donnera lui-même les réponses sur ce qui le traverse, et nous donnera des pistes pour mieux le comprendre.

Spectaculaire ? Mais pas forcément grave


Une expression forte n'est pas forcément mauvais signe. Parfois, les émotions s'expriment de manière très spectaculaire, très dense, mais s'apaisent très vite, surtout si les enfants obtiennent une réponse tranquille de la part des enseignants et des parents. Donc ce n'est pas forcément l'expression massive qui est inquiétante… au contraire ! L'absence d'expression émotionnelle est plutôt mauvais signe. Cela peut vouloir dire que l'enfant n'ose pas exprimer son mal-être, et le garde au fond de lui, ce qui peut créer des difficultés au cours de l'année.

Créer un lien parent – enseignant


Favoriser le lien des parents avec l'enseignant aide beaucoup. Cela permet à l'enfant de penser la continuité entre ce qu'il vit à la maison et ce qu'il vit à l'école, notamment pour les plus petits. Les parents qui sentent l'enfant en difficulté peuvent demander à pouvoir rentrer un peu dans la classe, passer un petit moment avec l'enseignant. L'enfant doit voir ces "personnes-référentes" communiquer, avoir confiance entre elles, pour se sentir lui-même plus tranquille dans ce lieu scolaire. Il peut en effet y avoir un "conflit de loyauté". C'est-à-dire que l'enfant n'ose pas faire confiance au cadre scolaire, parce qu'il a l'impression qu'il y a une réticence de la part du parent. Soit parce que le parent n'est pas satisfait de l'enseignant, soit parce qu'il est lui-même mis en difficulté par les enjeux autour de la scolarité. L'enfant le sent, mais sans le comprendre, et cela le rend réticent vis-à-vis du scolaire.

Comment intervenir sans trop en faire ?


Ce qui est délicat, c'est de donner à son enfant les ressources pour gérer les aspects relationnels par lui-même, de lui laisser le temps de trouver des ressources internes, sans aller au-devant des problèmes. Cela suppose d'être très à l'écoute, "d'entendre" ce qu'il vit, sans forcément intervenir tout de suite. Bien sûr, en cas de harcèlement grave que l'enfant ne peut pas gérer lui-même, il faut intervenir. Cela demande beaucoup d'attention.

Faut-il croire les histoires de ses enfants ?


Chez les tout-petits, l'aspect fantasmatisation est très fort. Ils ont besoin de s'appuyer sur une vie imaginaire. Ce ne sont ni des mensonges, ni de la mythomanie. C'est une façon de gérer ce qui se passe en eux, à travers une dimension rêvée. C'est pour cela qu'il ne faut pas s'appuyer seulement sur le langage de l'enfant, mais observer différents signes et manifestations de mal-être. Ensuite, il faut recouper les informations avec les enseignants pour voir comment intervenir au plus juste.

La douloureuse séparation pour les parents


Le parent peut réfléchir sur lui-même, sur ce que cela lui fait de se séparer de son enfant. Cela évoque ses premiers liens, l'arrivée du petit dans la famille, ce que cela a créé. Au moment de la séparation, cela permettra à l'enfant de s'appuyer sur la confiance du parent. Il faut pouvoir se dire : "c'est possible, cette séparation va bien se passer, l'enfant va trouver les ressources". Les parents peuvent aussi, de leur côté, trouver des amis ou des proches pour "déposer leur vécu", reconnaître leurs difficultés, et les "déplacer" hors du moment de la séparation avec l'enfant.

Qu'est-ce qu'une séparation réussie ?


Pour des au-revoir "efficaces", il est bon de se mettre en lien, de parler, mais de ne pas s'éterniser devant le portail, parce qu'il faut que cette séparation ait lieu, à un moment donné. L'enfant doit pouvoir comprendre l'obligation scolaire, pour sortir du fantasme selon lequel s'il pleure sans cesse, il pourra rester à la maison avec son parent. Il faut garder cette ligne directrice : il y a une coupure, et c'est comme ça. Il faut l'accepter, même si c'est douloureux. Et le parent doit être tout à fait confiant dans le fait que son enfant va pouvoir passer cette étape de vie. L'enfant va peut-être pleurer une semaine, puis il acceptera cette réalité, et pourra vraiment s'inclure dans le rythme scolaire. Sinon, cela lui laisse entendre que peut-être, à un moment donné, il pourra rentrer à la maison, et ne pas s'inclure dans le milieu scolaire. Et c'est très dommage.

A quel moment s'alarmer vraiment ?


Si fin septembre, il y a encore des manifestations de mal-être, des pleurs, des troubles du sommeil ou du comportement, il est important que les parents puissent parler à un professionnel, pour mettre des mots sur le problème et mieux comprendre de quoi il s'agit. Souvent, quelques rencontres avec un psychologue suffisent pour apaiser les choses assez vite. Fin septembre, il faut donc que les manifestations les plus massives aient diminué. Après, cela peut rester difficile, mais en diminution. Si effectivement rien ne bouge, ou qu'au contraire, cela augmente, alors c'est le moment de s'interpeller, d'échanger avec l'enseignant et avec son enfant, et peut-être de consulter.