Mais d'où vient cette tradition lyonnaise ? Alors que beaucoup de confusions existent, je vous propose de faire la lumière sur ses origines.
Une confusion avec le Vœu des Échevins
On pense souvent que les origines de la Fête des Lumières remontent à 1643. Alors que l'épidémie de peste ravage Lyon, l'équivalent du maire de l'époque et ses adjoints (qui se nommaient "les Échevins") prient la Vierge Marie de bien vouloir épargner la ville. En contrepartie, ils s'engagent à lui rendre hommage tous les 8 septembre, jour de sa naissance. Et vous savez quoi ? L'épidémie s'est achevée cette année-là, pendant qu'elle continuait à sévir dans d'autres villes françaises.
Si les avancées de la médecine et les mesures mises en place par les autorités ont sans doute joué un rôle, les Lyonnais y voient un signe direct d'une intervention de la Vierge. Depuis, la tradition perdure : le vœu des Échevins est célébré tous les 8 septembre. Chaque année, on remet un Écu en or à l'archevêque de Lyon pour remercier Marie et honorer la promesse de l'époque. La Fête des Lumières ne tire donc pas son origine de cette tradition, même s'il est important de connaître cette histoire pour la suite.
La guerre avec les Prussiens ? Toujours pas...
On fait un bond dans le temps. Nous sommes en 1870 : les Prussiens sont aux portes de Lyon. Là encore, les Lyonnais s'en remettent à la Vierge Marie pour les protéger. Finalement, les soldats prussiens s'arrêtent aux environs de Mâcon. Pour remercier Marie, on décide cette fois-ci de lancer la construction d'une église majestueuse au sommet de la colline de Fourvière, qui surplombe la ville. Achevée une dizaine d'années plus tard, elle sera érigée en basilique en 1887 par le pape Léon XIII.
Mais alors, quelles sont les vraies origines ?
Pour trouver les réelles origines de la Fête des Lumières, il faut revenir en 1848. Depuis le premier Vœu des Échevins, les Lyonnais ont pris l'habitude de se rendre régulièrement au sommet de la colline de Fourvière, où trône à l'époque une petite église. Ils prient la Vierge Marie pour guérir d'une maladie ou protéger un proche parti à la guerre par exemple. Seulement, à force de voir passer du monde, l'église a besoin d'être restaurée et particulièrement son clocher, sur lequel on prévoit d'installer une magnifique statue de la Vierge en bronze doré. Les travaux sont terminés quatre ans plus tard, en 1852. On choisit logiquement la date du 8 septembre pour dévoiler la statue aux Lyonnais.
Problème, quelques jours avant, c'est le gros déluge. La Saône déborde, l'atelier du sculpteur de la statue est inondé. Ce qui contraint les autorités à devoir reporter la fête au 8 décembre, jour de l'Immaculée Conception. Sauf que ce jour-là, rebelote : de gros orages éclatent, la Saône monte dangereusement et on se prépare à un nouveau report des festivités. Mais comme un miracle, le ciel se dégage en fin de journée.
Dans un geste complètement spontané, les Lyonnais vont alors mettre des lumignons et des bougies au bord de leurs fenêtres à la nuit tombée. Toute la ville s'illumine, tout le monde sort dehors, on fait la fête, on se prend dans les bras. Si les autorités souhaitaient quand même reporter l'événement, ce sont bien les 300.000 lyonnais qui ont donné l'impulsion ce jour-là. D'immenses feux de Bengale sont alors visibles au sommet de Fourvière : la statue de la Vierge est dévoilée. Ce sont ces illuminations que l'on célèbre tous les 8 décembre à Lyon. Une tradition qui a perduré, en s'habillant progressivement d'une forme plus laïque.
En 1989, on observe les premières illuminations des bâtiments. Dix ans plus tard, en 1999, on observe l'arrivée d'animations beaucoup plus importantes. Les festivités sont alors étendues sur quatre jours, autour du 8 décembre. La Fête des Lumières, sous la forme que l'on connaît aujourd'hui, était née...
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