La réindustrialisation est l'un des thèmes importants de la campagne présidentielle 2022. Payapâtes en est un exemple : il montre qu'il est possible et même profitable de faire revenir en France des activités économiques délocalisées.
Une alternative aux pailles en plastique ou en carton
Mathieu Laurençon a 21 ans. Cet étudiant en "Master management de l'innovation et de l'entrepreneuriat" à l'IRIIG (International Research Institute for Innovation & Growth), une école basée à Lyon, est originaire de l'Ain et a fondé Payapâtes en 2019, après avoir découvert les pailles en pâte alimentaire dans un bar d'Ambérieu-en-Bugey.
À l'époque, il n'y avait pas ou peu de production locale, et il était difficile pour les cafés, bars et restaurants de se procurer ce type de paille.
Il s'agit pourtant d'une alternative écoresponsable aux pailles en plastique, désormais interdites, aux pailles en carton, qui se dégradent dans le verre et peuvent donner un mauvais goût aux boissons, et aux pailles lavables en inox, idéales pour la maison, mais pas forcément pour les professionnels de la restauration.
Pendant ces deux premières années, Mathieu Laurençon a donc importé des pailles d'Italie, tout en faisant baisser leur prix de 30 centimes l'unité à 3 centimes, durant cette période. Mais en 2022, nouveauté : il s'apprête à ouvrir une usine d'ici à cet été à Saint-Quentin-Fallavier en Isère, afin de prendre la main sur la production.
Produire local, pas forcément plus cher
Il y aura forcément, un impact sur le prix. Mais contre toute attente, il sera positif, selon le jeune chef d'entreprise : "ça va changer le prix, mais en bien ! Normalement, le fait d'avoir la main sur la production devrait nous permettre de le diminuer. Cela nous permettrait d'offrir une alternative compétitive au carton, qui est peu apprécié des consommateurs dans les bars, et qui est surtout souvent importé de l'autre bout du monde. Nous voulons proposer une solution qualitative, "made in France", qui plaît aux gens, à un tarif quasiment égal".
À terme, les pailles devraient coûter autour de deux centimes la pièce.
Autre point positif de cette réimplantation locale : il y aura des embauches ! L'entreprise passera de cinq à dix salariés.
Avez-vous déjà "goûté" ?
Les pailles "made in Auvergne-Rhône-Alpes" de Payapâtes ressemblent à des pailles classiques, mais au lieu d'être en plastique ou en carton, sont préparées simplement avec de la semoule de blé dur et de l'eau.
Elles sont comestibles, biodégradables et compostables. Elles sont conçues pour tenir jusqu'à deux heures dans le liquide, sans mollir.
Avec un portefeuille de trois-cent clients, Payapâtes a déjà vendu deux millions de pailles depuis sa création et s'engage à distribuer trois repas toutes les mille pailles vendues.
L'entreprise bressane a ouvert une franchise en Belgique et développe d'autres projets :
- des pailles avec des goûts : fraise ou citron, par exemple
- une gamme de gobelets comestibles
- un accompagnement des bars, hôtels et restaurants, pour d'une part, mettre en place le ramassage de leurs biodéchets, et d'autre part, les aider à se fournir le plus localement possible.
