Portrait d'Hitler et montages pornographiques
Parmi les faits rapportés, il y a ces échanges de photos et autres contenus haineux via des messageries en ligne type Discord. Des étudiants y échangent des portraits d'Hitler et des drapeaux nazis, d'autres font la promotion d'Éric Zemmour. D'autres, enfin, partagent des photos-montages à caractère pornographique, mettant en scène des femmes voilées. C'est Mathilde Amar Amghari, étudiante de 19 ans, qui relate ces faits. Jusqu'à cet événement précis, le 4 avril dernier :
"L'un des étudiants très actif dans ces conversations et membre de La Cocarde (mouvement d'extrême droite) a mis un voile sur sa tête pour se moquer des femmes voilées. Des étudiants ont rigolé, le professeur a demandé ce qu'il se passait et je me suis levée pour expliquer la scène. J'ai tout raconté sur les groupes Discord... C'était trop", raconte l'étudiante en deuxième année d'Histoire. "La seule femme voilée de la promo est partie de l'amphi en pleurant ce jour-là."
La justice a été saisie
Avec d'autres étudiants, elle rassemble d'autres témoignages de personnes victimes de discriminations et d'injures. "Je voulais avoir des preuves", dit-elle aujourd'hui. L'objectif est clair : faire réagir la présidence de l'Université pour ne pas laisser la situation empirer. C'est désormais chose faite. "Tous les faits précis signalés ont été transmis au Procureur de la République immédiatement et les instances disciplinaires ont été saisies", indique la présidence de Lyon 3 dans un communiqué.
Une première victoire, mais la lutte continue. "Ce qui est grave, c'est que les étudiants qui sont à l'origine de ces événements estiment qu'ils ont seulement voulu rigoler, que c'est notre problème si on le prend mal. Ils se réfugient derrière la liberté d'expression", regrette Mathilde Amar Amghari.
"Sauf que ce n'est pas de l'humour, ce sont des actes punis par la loi", insiste Manon Moret, secrétaire générale de l'UNEF à Lyon. "L'extrême droite n'a pas sa place à l'Université, nous voulons dire à toutes les personnes qui en ont été victimes qu'elles ne sont pas seules." Le syndicat étudiant souhaite qu'une cellule d'écoute soit mise en place en présentiel pour accompagner au mieux les étudiants concernés.