Comment se passe cette période de confinement quand on est président de Ligue 2 ?
A.S. : "On échange quotidiennement avec les joueurs, le staff technique et l'entraîneur via une application de visioconférences en ligne. On garde une certaine proximité. Entre nous, membres du bureau, on est en permanence en contact pour suivre l'évolution des choses".
Justement, quelles sont les dernières informations ?
A.S. : "Il y a plusieurs pistes évoquées. Nous on veut reprendre, c'est clair, on est déterminé. Nous avons écouté le Président de la République et on espère recommencer les entraînements le 11 mai avec une phase de réathlétisation de 3 ou 4 semaines. Avec ce programme, on peut envisager une reprise du championnat le 16 juin. En jouant tous les 3 jours, on terminerait fin juillet, en comptant les barrages".
C'est un calendrier partagé par tous les clubs ?
A.S. : "Il y a deux groupes qui planchent sur le sujet, donc c'est difficile de mener un vrai discours, il manque peut-être un leader qui prend les décisions (sic). Si je compare le système en France et les autres ligues européennes, ça semble très complexe et pas forcément efficace. En Autriche, ça reprend demain (lundi) par exemple. Nous sommes 40 présidents (L1 et L2 confondues), il y a des groupes. Certains présidents ne sont pas propriétaires donc pas responsables d'un point de vue financier. Et puis il y a ceux qui dirigent des clubs en difficulté sportivement et qui cherchent tous les arguments possibles pour que l'on arrête de jouer !"
Quels arguments ?
A.S. : "Il y a la question des droits TV. Avec la date du 23 août qui revient sur la table pour ne pas chambouler le début de la saison prochaine (date à laquelle le diffuseur change). Et puis il y a des arguments sanitaires. Bien sûr, la santé du joueur c'est central. Mais si le 11 mai, le boulanger, le coiffeur, Airbus reprennent le travail, pourquoi le football serait privilégié ? Au contraire, nous aussi, avec la popularité que l'on a, on doit reprendre, apporter des émotions, de la joie aux personnes confinées".
C'est un sentiment partagé par d'autres présidents ?
A.S. : "Oui (Waldemar Kita, le président nantais notamment), si on reprend, ça sera à huis clos, ce n'est pas terrible mais c'est mieux que rien (sic). Et puis il y a une logique économique. En France, cette vision des choses est difficile à admettre. Mais moi je suis à la tête d'une PME de 50 salariés, j'ai des responsabilités".
Êtes-vous inquiet pour la suite ?
A.S. : "Financièrement on est stable. Mais je suis préoccupé, même si sur la fin de saison, on sera à l'équilibre".
Et sur un point de vue sportif, Clermont Foot est 5e donc en course pour la montée en Ligue 1 ?
A.S. : "À notre arrivée il y a 18 mois, on avait tablé sur une montée dans les 3 à 5 années à venir. Etre là où on est, c'est une surprise. Donc c'est du bonus. Et puis c'est mieux d'être le chasseur que le chassé. La pression, c'est pour les grands clubs, les Lens, les Lorient. Mais, on n'est pas loin, à 4 points du leader donc... Et puis le calendrier des équipes au dessus de nous est assez lourd".
Avez-vous peur d'être le dindon de la farce ?
A.S. : "Si on arrête le championnat, on devrait prendre en considération le classement tel quel et jouer les play-offs. Mais si cette décision est prise, on peut s'attendre à une vague juridique. Et ça marche également avec les relégables".
Une rumeur évoque une L1 à 22 clubs avec les 2 premiers qui monteront, confirmez-vous ?
A.S. : "Si on commence à ouvrir cette piste là, pourquoi on ne prend pas un classement sur la dynamique du moment, les 15 dernières rencontres par exemple. À ce jeu là, on est leader de L2 avec 2 points d'avance sur Lorient. C'est ironique. Mais chacun a sa théorie. La créativité n'a pas de limite. On doit aussi défendre notre position (...) Et puis si on arrête tout, quid du mercato ? On va perdre tous nos meilleurs joueurs pour équilibrer les budgets, ce n'est pas terrible pour le football français et les ligues futures".
Aujourd'hui être 5e de Ligue 2, ça représente quoi au moment M ?
A.S. : "Cela représente le bon travail d'un club. Celui d'un entraîneur, Pascal Gastien. C'est toute cette alchimie et ça c'est difficilement quantifiable".
La réunion de demain entre les présidents de Ligue 2 va t-elle faire avancer les choses ?
A.S. : "On espère obtenir des réponses concrètes. Il y a deux syndicats. On n'a pas une voix unique et c'est très inefficace en situation de crise. Il faudra une unanimité de tous les clubs. On ne peut pas prendre une décision pour la Ligue 1, une autre pour la Ligue 2. Les deux entités sont liées".
Y'a t-il une deadline de fixée ?
A.S. : "La seule date qui est mise en avant, c'est celle du 23 août pour débuter la nouvelle saison. Car dans le cas contraire, ça mettrait en danger le paiement de la première tranche de Mediapro le nouveau diffuseur. Mon avis personnel, c'est que repousser la reprise de la saison 2020/2021 à mi-septembre, ça ne changerait pas grand chose, ni pour le diffuseur, ni pour les clubs. Mais un petit groupe de personnes évoque cette date comme un argument clef afin de terminer cette saison au plus vite. Cependant rien n'est fixé".
Quelle est votre conviction personnelle ?
A.S. : "Si tout se planifie entre aujourd'hui et le 11 mai, ma conviction c'est qu'on pourra reprendre. Nos voisins vont dans ce sens. Les Allemands notamment. Si tout se passe bien ailleurs, je pense que tout le monde sera rassuré et ira vers une ouverture graduée, à huis-clos, probablement jusqu'à la fin de la saison".
Serait-ce un crève cœur de ne pas aller au bout de cette saison ?
A.S. : "En première partie de championnat, les observateurs disaient "Clermont Foot peut embêter n'importe quelle équipe". Et finalement, sur la 2e partie de saison, sans arrogance, on a prouvé que "Clermont Foot peut battre n'importe quelle équipe". Donc oui, on serait frustré".
