À Saint-Étienne, les impôts, stables depuis 10 ans, explosent cette année
"Il faut savoir que la taxe foncière est basée sur ce qu'on appelle « la valeur locative », un indice sur lequel s'appuient les collectivités pour établir l'impôt. Déjà, ce dernier a été majoré de 3,4% pour toute la France. C'est le plus fort coefficient enregistré depuis 1989. Et sur ce point-là, les collectivités ne peuvent rien faire puisque c'est fixé par le code général des impôts", explique en préambule Frédéric Zumbiehl, juriste à l'UNPI.
Autrement dit, la hausse la plus petite est forcément de 3,4% cette année. Mais les communes ou les métropoles peuvent faire varier cet impôt, qui demeure très inégal selon la ville où vous résidez.
Par exemple, à Saint-Étienne, avec un taux en augmentation de 7,8%, la municipalité qui a longtemps mis en avant sa politique menée sans augmenter les impôts, se retrouve épinglée.
"C'est un sujet complexe sur lequel les élus ne se montrent pas très clairs. Mais très concrètement, le maire ne peut pas dire qu'il ne touche pas aux impôts locaux, si la métropole dans laquelle il siège et dont il est le président augmente ses taux. C'est le cas stéphanois justement. On parle de la deuxième plus forte hausse des grandes villes d'Auvergne-Rhône-Alpes", précise Frédéric Zumbiehl.
En cause dans cette augmentation également, une nouvelle taxe, la Gemapi (ndlr, une taxe sur les inondations confiée aux intercommunalités). "C'est navrant mais c'est le lot de la taxe foncière. Saint-Étienne avait été très stable pendant 10 ans, c'était la commune parmi les 50 plus grosses de France dans laquelle la taxe foncière avait le moins augmenté sur la dernière décennie".
Les Burgiens et Lyonnais épargnés sur la taxe foncière
Tout le contraire de sa voisine lyonnaise, qui enregistre la hausse minimale de 3,4%. "On ne peut pas dire que Lyon augmente ses impôts car c'est la hausse obligatoire décidée par les impôts, la collectivité n'a pas la main sur ce chiffre-là. À Lyon, on applique donc le même taux que l'an dernier. On peut dire que les Lyonnais sont bien lotis, parce qu'on est loin des 23% de hausse de Poissy ou des 16% de Marseille. Mais si on détaille l'augmentation sur 10 ans, c'est quand même + 25%, de ce fait, ce n'était pas plus mal que cette année, la hausse soit modérée", détaille Frédéric Zumbiehl.
Hausse modérée également à Bourg-en-Bresse, avec 3,6%. En revanche, avec + 5,2%, Clermont-Ferrand ne fait pas partie des bons élèves. "Ces hausses, dont pour certaines, on peut parler d'explosion, vont provoquer un vrai bouleversement sociétal car plusieurs propriétaires ne vont plus pouvoir supporter le surcoût", s'alarme Christophe Demerson, le président de l'UNPI France, également président de l'UNPI Auvergne.
"Pour ne rien arranger, il y a de nouvelles petites taxes qui viennent gréver les propriétaires. Je pense notamment à la Gemapi qui permet aux élus d'être plus discrets sur les augmentations. Si on prend l'exemple clermontois, la hausse de la taxe foncière est de 5,4% mais en réalité, les Clermontois vont payer 8,4% de plus avec l'ajout de cette taxe sur les inondations", conclut le président de l'UNPI.
À noter qu'à Marseille, la municipalité a été attaquée en justice par l'UNPI, qui estime que l'application du nouveau taux de la taxe foncière (hausse de 16,3%) fait basculer plus de 14.000 propriétaires sous le seuil de pauvreté.