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PROCÈS DU 13-NOVEMBRE : SOPHIE PARRA, UNE LYONNAISE RESCAPÉE DU BATACLAN TÉMOIGNERA

Mardi 28 Septembre - 05:30

Actualité


Sophie Parra, à son domicile de Sainte-Foy-Lès-Lyon. - © Radio Scoop / Léa Duperrin
Blessée le soir du 13 novembre 2015 alors qu'elle assistait au concert du Bataclan, Sophie Parra espère aujourd'hui suivre le procès le plus possible. Pour écouter, pour comprendre, six ans après les attentats. Ce mardi 28 septembre, les premières victimes et leurs proches seront appelés à la barre. Elle doit témoigner en octobre.


Dans le salon, sur la table, le portable de Sophie Parra diffuse en direct les débats qui se déroulent en ce moment aux assises spéciales de Paris. Elle met pause avant de commencer l'interview. Tout au long du procès, les victimes constituées parties civiles ont ainsi la possibilité d'assister à l'audience à distance, grâce à cette webradio qui leur est réservée. "C'est vrai que c'est super pour nous parce qu'on peut suivre et surtout, y aller à notre rythme. C'est sûr que bon, on a vu des choses horribles et là, on s'en rajoute... Ça ne fait pas forcément du bien. Je sais que je peux faire une pause quand je veux."

"J'ai eu l'impression de courir des kilomètres"


Sophie Parra, 37 ans, était au Bataclan le soir du 13 novembre 2015 accompagnée d'une amie.

"Tout a commencé comme une soirée normale, un soir de novembre à Paris. On est allée boire un verre juste à côté et puis on est entrée dans la salle. Le groupe a commencé à jouer et puis l'attaque a eu lieu. Je n'ai plus conscience exactement du temps où je suis restée dans la salle, mais je sais que je suis sortie assez vite."

Blessée par les tirs des terroristes, elle reçoit deux balles dans la jambe. Elle réussit à s'enfuir avec d'autres spectateurs par la sortie de secours des toilettes. L'assaut des forces de l'ordre n'a pas encore eu lieu. "Ensuite, j'ai eu l'impression de courir des kilomètres et des kilomètres avant de pouvoir trouver un endroit où se poser. Quand j'y suis repassée bien plus tard, je me suis rendu compte qu'en fait j'avais couru à peine 100 mètres…".

Elle parvient à se réfugier, avant qu'un Uber ne la transporte à l'hôpital le plus proche. Elle y est opérée à deux reprises et sort au bout de 12 jours. S'en suit une longue période de soins, de rééducation. "Et puis il y a eu la prise en charge psychologique, là ça a été un peu plus chaotique."

"On découvre le 13 novembre de tout le monde"


Six ans ont passé. Le procès des attentats s'est ouvert le 8 septembre dernier à Paris, dans une île de la Cité complètement bouclée. S'y rendre n'a pas été une décision facile à prendre.

"J'ai changé d'avis à peu près tous les jours ! Je voulais y aller, puis pas du tout… Ça a été assez compliqué. J'en ai parlé avec mon avocate qui m'a beaucoup rassuré, en me disant que ça allait être très sécurisé, qu'il n'y avait rien à craindre. Elle m'a demandé si je voulais témoigner et c'est vrai que j'ai dit oui assez rapidement."

Dès lors, Sophie envisage de se rendre à l'audience pour ne pas découvrir les lieux le jour de son témoignage. Le dispositif de sécurité la rassure en partie, l'impressionne aussi. "Une fois dans la salle, déjà c'est immense. On dirait... comme une nef. On est entouré d'avocats, il y a les les accusés, la presse… Je ne regrette pas d'y être allée même si ces deux jours ont été difficiles. C'est important pour moi d'écouter les débats. J'étais au Bataclan mais là on parle de toute la soirée, je n'étais pas seule. On découvre le 13 novembre de tout le monde. Et puis, c'est bien aussi de voir tout le travail qui a été fait par les policiers. À la fin, c'est plus qu'un procès, c'est presque un documentaire."

La recherche d'une vérité


"Ce procès, j'en espère énormément mais je n'attends pas grand-chose."

Il y a déjà l'espoir d'avoir des réponses, à de si nombreuses questions. "L'un des avocats de la défense avait protesté contre l'audition de François Hollande [l'ancien président doit être entendu comme témoin NDLR], moi je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas tant son ressenti que l'on attend, mais de savoir comment il a vécu ce 13 novembre, les ordres qui ont été donnés... L'un des policiers a dit, « on savait qu'il y aurait un attentat mais on ne savait pas quand. » Que s'est-il passé ?"

Viendra aussi le temps pour les accusés de s'expliquer. "Le premier jour où j'y suis allée, on leur a donné la parole. Il y a eu : « je n'ai rien fait je suis innocent », « j'ai toujours fait du travail honnête mais là j'avais besoin d'argent »… Bon, ok."

Et puis il y a eu les mots de Salah Abdeslam. Le seul survivant du commando de 2015 a pris la parole à plusieurs reprises, y compris sans y être autorisé par le président de la cour.

"Je ne veux même pas prononcer son nom. Les premiers jours, il se plaint de ses conditions de détention, ensuite il dit en gros que la France avait attaqué la Syrie donc finalement, on l'avait vu venir... Et alors quand il dit que ce n'est pas personnel, que ce n'est pas contre nous ? Alors oui, d'accord, mais en attendant c'est nous qui sommes morts. C'est nous qui avons été blessés."

Malgré tout, il y a déjà ce constat : Salah Abdeslam parle, après des années de mutisme.

"Il a dit qu'il allait donner la vérité, et bien moi je l'attends au tournant là-dessus. J'attends de voir quelle vérité on va avoir. Comment on peut justifier tout ça. Pour l'instant, il ne manifeste aucune culpabilité, on n'a pas d'excuse, on n'a rien."

Suivre le procès, c'est toute une logistique. Il y a la vie de famille, le travail... Le fait de devoir se rendre à Paris régulièrement, alors que Sophie Parra habite Sainte-Foy-Lès-Lyon (Rhône). "J'aimerais y être pour le témoignage de François Hollande, pour les plaidoiries aussi. Et je veux être présente pour le délibéré."

Tout au long du procès, elle rend compte des débats via un journal de bord tenu pour Le Progrès, que vous pouvez lire ici.