Se faire entendre
"Nous ne sommes pas un secteur très visible pour la population, c'est pour ça qu'on sort dans la rue", explique Laurent Moreno, Secrétaire départemental du syndicat SUD Santé Sociaux. "Notre métier, ce n'est pas qu'une affaire de vocation. Bien sûr qu'il y a au départ la volonté de travailler avec l'humain, sauf qu'aujourd'hui on se rend bien compte avec les politiques publiques mises en œuvre par le gouvernement et nos employeurs qu'on va de plus en plus vers une gestion budgétaire et qu'on s'éloigne du sujet. Ce qui devient insupportable."
Les syndicats pointent le "manque de moyens" et "l'accumulation de tâches dénuées de sens". Ils dénoncent aussi le fait d'être "exclus" des annonces du Ségur de la Santé, avec les 183 euros promis aux salariés du secteur médical et paramédical. "Et rien pour les autres", regrette Laurent Moreno. Il craint également la renégociation d'une convention collective unique qui pourrait entraîner la perte d'acquis sociaux.
Mineurs en danger
Parmi la foule de personnes présentes à la manifestation lyonnaise, beaucoup d'éducateurs spécialisés. Certains travaillent dans la protection des mineurs, auprès de familles en difficultés. "840 mineurs en attente de prise en charge" : voilà ce que l'on peut lire sur la pancarte de Carole Menut. Éducatrice spécialisée à l'association Sauvegarde 69 et déléguée SUD, elle dresse un état des lieux plutôt alarmant de la situation.
"840 mineurs en attente de prise en charge, c'est un chiffre qui date de décembre. Ce sont des mineurs pour qui la justice a décidé une prise en charge. Mais dans les faits, ils patientent parfois des mois avant que l'on puisse s'en occuper", explique-t-elle. Des enfants parfois maltraités, qui devraient en théorie recevoir la visite d'éducateurs à leur domicile. "Nous ne sommes pas assez nombreux", souffle Carole Menut, qui y voit surtout un problème de moyens. "Ce sont des dossiers qui stagnent ou qui empirent."
"J'ai une collègue qui est partie en larmes, il y a huit mois. Elle était engagée dans son travail, mais avec 1.200 euros par mois, elle ne pouvait pas se loger sur Lyon. Avec plus de 600 euros de loyer, elle ne mangeait pas. On devient plus aussi précaire que les gens qu'on aide comment peut-on s'en sortir ? Comment aider des familles qui se noient quand on est nous même en train de se noyer ?", interroge-t-elle.
Le 18 février, la Conférence des métiers de l'accompagnement social et médico-social doit se tenir comme annoncé par le gouvernement. Certains syndicats appellent déjà à une nouvelle journée de mobilisation.