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LYON : STELLA BITCHEBE, L'INGÉNIEURE INFORMATIQUE QUI VEUT INSPIRER LES JEUNES FILLES

Jeudi 7 Octobre - 05:00

Actualité


Stella Bitchebe, ingénieure en informatique effectue ses recherches à l'ENS Lyon. - © Jean-Charles Caslot – Fondation L’Oréal
Trois chercheuses lyonnaises figurent parmi les 35 lauréates du prix Jeune Talent France 2021 pour les femmes et la science, remis conjointement par l'UNESCO et la Fondation L'Oréal. Parmi les scientifiques, Stella Bitchebe, ingénieure informatique à Lyon. Rencontre.


Doctorante en troisième année à l'ENS Lyon, la jeune chercheuse devait soutenir sa thèse en mars dernier. Covid oblige, la date a été repoussée. Entre temps, un jury composé de 28 chercheurs de l'Académie des sciences l'a choisie pour recevoir le prix Jeune Talent France 2021 pour les femmes et la science.

Cette année, 21 doctorantes et 14 post-doctorantes ont été sélectionnées en France, parmi 740 candidatures. Le prix s'accompagne d'une aide financière de 15.000 euros pour les doctorantes et de 20.000 euros pour les post-doctorantes pour poursuivre leurs travaux de recherche.

Des travaux sur l'informatique du futur


Réduire l'empreinte carbone des data centers tout en améliorant leur sécurité : voilà le domaine d'expertise de Stella Bitchebe. Derrière cet intitulé très pointu se trouvent en fait les défis de notre époque. "Les data centers (ou centre de données en français), ce sont en fait des grandes pièces dans lesquelles sont entreposés des ordinateurs. C'est là que sont hébergés tous les sites internet et les applications mobile que l'on utilise tous les jours", résume l'ingénieure.

En 2012 il y en avait 500.000 dans le monde. On en compte aujourd'hui... plus de 8 millions ! Sauf que, qui dit multiplication de ces data centers partout à travers le globe dit consommation d'énergie de plus en plus importante et production de gaz à effet de serre en quantité…

C'est là que Stella Bitchebe intervient. Car ses recherches consistent justement à voir comment réduire la consommation d'énergie, tout en réduisant la pollution générée. Le but ? Essayer de faire héberger le plus de sites internet possible sur un même ordinateur. Mutualiser pour moins polluer.

"Se pose alors un autre problème sur lequel je travaille, celui de la sécurité. Je compare souvent le phénomène avec la différence entre le fait de prendre plusieurs taxis pour chaque personne ou que ces personnes fassent du covoiturage. Prendre un taxi seul peut paraître plus rassurant, alors qu'un covoiturage nécessite d'interagir avec des personnes qu'on ne connait pas, il y a plus de risques… Les ordinateurs, c'est un peu la même chose !", explique-t-elle.

"Je me suis demandée, pourquoi il y a aussi peu de filles ?"


Stella Bitchebe a grandi et fait ses études au Cameroun. Elle a obtenu son diplôme d'ingénieure informatique à l'école polytechnique de Yaoundé, avant de se lancer dans une thèse de doctorat. Pourquoi les sciences, pourquoi l'informatique ?

"Il y a d'abord le contexte familial", poursuit la chercheuse. "Je suis l'aînée de cinq filles, ce qui, culturellement, est parfois considéré comme un problème en Afrique. Très jeune, j'ai vu ma mère recevoir des critiques, y compris dans la famille, sur le fait de ne pas avoir de garçon car cela voulait dire : la lignée va s'arrêter, puisque l'on perd notre nom quand on se marie. C'est là que je me suis dit : je vais faire perdurer le nom de mon père autrement. On est en 2021, le fait de ne pas avoir de fils n'est pas une fatalité !"

Tout au long de son parcours scolaire et universitaire, elle s'aperçoit vite que les femmes se font rare. "On a toujours été quelques filles seulement dans les classes de 20 à 35 élèves", poursuit Stella. "Je me suis demandé, pourquoi il y a aussi peu de filles ? Trop souvent, on leur dit qu'à un moment donné il faut arrêter les études pour se marier, fonder une famille. Mais on oublie de leur dire que les deux ne sont pas incompatibles."

Laisser la place aux femmes


C'est un peu le message qu'elle souhaite porter aujourd'hui avec ce prix prestigieux, qui récompense la qualité de son travail.

"C'est avant tout une tribune pour s'adresser aux jeunes filles et leur dire qu'elle peuvent le faire. C'est vrai qu'on a encore des modèles de femmes scientifiques éparses, assez lointains… Mais il n'y a pas que Marie Curie ! Il y a tant de jeunes femmes qui font des recherches extrêmement importantes, qui améliorent nos conditions de vie… J'espère que ce prix pourra les inspirer."

Quant au sexisme ordinaire que les jeunes chercheuses peuvent expérimenter, elle dit avoir eu de la chance. "Je ne parlerai que de mon exemple, car j'ai des témoignages de femmes qui ont eu droit à des propos sexistes. Je n'ai pas rencontré ces problèmes-là dans le milieu professionnel, au contraire. Mon directeur de thèse m'a toujours soutenue, mes collègues ont toujours fait en sorte que tout se passe bien. Bon, je suis encore doctorante... mais on verra plus tard, sur les recrutements", souffle-t-elle en souriant.

Ces remises de prix sont aussi nécessaires, explique-t-elle, dans le contexte actuel. "Il faut continuer de mener ces batailles, car même si on a des politiques de quotas pour la parité, on le voit bien et les chiffres le disent : les femmes sont encore très peu nombreuses dans ces métiers."

Les femmes représentent aujourd'hui 28% des chercheurs en France. Moins de 4% des prix Nobel de science ont été décernés à des femmes.



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