"Il y en a qui se découragent"
En 20 ans, le nombre de maternités a diminué de 40% en France. Les professionnelles ressentent un surplus d'activité qui les empêchent de toujours bien assurer leurs missions pourtant essentielles.
"La tendance est plutôt à nous confier de plus en plus de missions, ce qui est une bonne chose pour les femmes en général. Le problème, c'est qu'on a ni les effectifs qui suivent, ni le salaire", regrette Léonie Gardette, étudiante sage-femme en troisième année à Lyon.
"Pourtant, on aime notre métier. Mais quand on entend une sage-femme qui a vingt ans de carrière dire qu'elle pense à faire autre chose car elle n'en peut plus... C'est triste", poursuit la jeune sage-femme. "Il y en a qui se découragent."
"Il y a les gardes où tout se passe bien, on arrive à gérer. Mais il peut y avoir des césariennes en urgence, des femmes qu'on laisse seules alors qu'elles souffrent... On ne peut pas se dédoubler. À la fin, c'est une maltraitance des patientes malgré nous car on n'a pas le temps, mais aussi une maltraitance envers nous-même, psychologique", ajoute Léonie Gardette, également présidente de l'association étudiante des sages-femmes de Lyon (Gest'Asso).
Les grandes oubliées ?
Et l'épidémie n'a rien arrangé. "Cela a été dur mentalement car il fallait protéger les patientes, si l'une était infectée, vu que l'on suit plusieurs femmes en même temps. Mais il y a aussi le sentiment d'avoir été oubliées. On a oublié de donner des masques aux sages-femmes libérales qui se déplaçaient chez les patientes, on a oublié de dire au grand public qu'elles pouvaient faire des tests PCR, vacciner les gens... C'est pour ça aussi qu'on demande de la reconnaissance".
Plusieurs syndicats mobilisés demandent notamment l'augmentation des effectifs et la reconnaissance de leur statut de profession médicale à l'hôpital avec un alignement des salaires sur les autres professionnels de santé. Après cinq ans d'étude, une sage-femme commence à 1.980 euros brut. "Ce n'est pas normal", soupire Léonie Gardette.
Suite aux premières journées de mobilisation, un nouveau cycle de concertation sur le "statut et le positionnement des sages-femmes" a été enclenché par le ministère de la Santé. Une manière de "gagner du temps" regrette la CGT de la Santé et de l'Action Sociale.