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LYON : LES ÉTUDIANTS NE VEULENT PLUS ÊTRE LA "VARIABLE D'AJUSTEMENT"

Mardi 12 Janvier - 05:30

Actualité


Université Lyon 3 - Jean Moulin - © RADIO SCOOP
Quelques jours à peine après la tentative de suicide d'un étudiant en master de droit de l'Université Jean Moulin Lyon 3 samedi, l'émotion est grande chez les jeunes et leurs enseignants. Et la colère gronde aussi.


Malgré le drame, ils sont là, déterminés. Ils veulent "se faire entendre", ils veulent plus que des aides, ils disent être arrivés à "un point de rupture."

Dans un appartement du 3e arrondissement, cinq étudiants d'une même promo meurtrie.

Génération Covid


"Quand j'ai appris ce qu'il s'était passé, sans savoir qui c'était... J'ai pensé à des gens que je connais, des gens à qui ça aurait pu arriver", explique Lucie. "La précarité existait avant le Covid, mais aujourd'hui, il y a la solitude."

Elle pense aux étudiants de première année, qui n'ont pas encore créé les liens de la fac, qui ont passé plus de temps à suivre les cours derrière un ordinateur qu'en vrai. "Je sais bien qu'à l'université, ils font ce qu'ils peuvent. Le problème, il vient de plus haut encore", ajoute la jeune femme.

Autour, ses camarades acquiescent. Les amphis fermés, c'est une réalité qui ne fait pas sens pour eux. "Pourquoi les lycées, les collèges, les commerces ont-ils pu rouvrir alors que pour les facs, ce n'est pas possible ?", interroge Clément. "On parle de génération Covid parce que depuis le début, on est les laissés pour compte."

"Moi quand je l'ai appris, je ne le cache pas, je me suis mise à pleurer", confie Samantha à propos de la tentative de suicide de l'étudiant en master. Elle aussi regrette le 100% distanciel, le tout numérique, l'absence de cadre, de séparation entre le travail et l'intime. "Quand on suit 9 heures de cours dans un amphi, on fait des pauses, on se parle, on échange avec les professeurs... Là, qu'est-ce qu'on peut faire ? Marcher trois pas et puis ?"

Innocent va plus loin encore, il explique que c'est une partie de leur vie qui est volée. "À l'université, c'est comme une micro-société. Il y a des interactions, des amitiés qui se créent, des amitiés qui durent toute la vie parfois. Mais c'est aussi une étape de construction. Là, c'est comme si on nous disait : passez directement à l'étape d'après !"

Corentin insiste, le problème ne concerne pas que les étudiants, la crise frappe tout le monde. "Mais les étudiants sont parfois seuls, on leur dit que leur avenir est bouché, incertain. J'ai l'impression qu'on est un peu la variable d'ajustement", ajoute-t-il. Il y a trop peu de psychologues pour la fac toute entière, trop peu d'accompagnement pour les plus fragiles, expose aussi l'étudiant.

Ensemble, ils s'accordent sur les visions "court-termistes" du gouvernement. Ils veulent penser à l'après, dès aujourd'hui. Car selon eux, il est déjà trop tard.

L'entraide pour tenir


Rouvrir les facs ? L'espoir est là mais il est maigre, vue la situation sanitaire peu encourageante. "Mais pourquoi pas ouvrir à 50%, une semaine par mois ou juste pour les Travaux Dirigés ?", propose Lucie. "On a bien conscience de la crise sanitaire, mais on est là nous aussi."

La date précise de réouverture des établissements du supérieur n'est pas encore connue. En attendant, l'Université Lyon 3 a présenté son plan de lutte contre le décrochage et la précarité étudiante. Des mesures ont été prises allant de l'accueil des étudiants pas suffisamment équipés en salle informatique à l'attribution d'aides au logement ou encore à la distribution de masques.

Le réseau d'association Gaélis a mis en place un système de distribution alimentaire. À noter aussi, la night line disponible dès 21 heures pour les étudiants qui souhaitent de l'écoute.

Quant aux étudiants de Lyon 3, ils s'organisent pour faciliter les liens entre étudiants notamment via un groupe Facebook "Génération Covid", pour s'entraider autant qu'il le faudra.