Comment le service s'est-il préparé à la hausse des demandes de PMA ?
On s'attendait bien sûr à ce que le nombre de demandes soit plus important, car on savait qu'un certain nombre de femmes se rendaient à l'étranger pour avoir recours à une PMA. Depuis l'adoption de la loi, on a reçu entre 200 et 250 demandes supplémentaires, à peu près autant de femmes seules que de couples de femmes. Ça représente environ 15% des demandes au total.
Et nous nous sommes préparés, pour que toutes les demandes soient traitées de la même façon. Après bien sûr, cela prend du temps : il y a la consultation gynécologique, la consultation avec un psy, il peut y avoir de l'attente que l'on va essayer de réduire. Et puis il y a ce délai légal de réflexion de six mois, ce qui fait que la première PMA au sens des gestes purement technique aura lieu entre mars et avril.
Avant même l'adoption de la loi, il y avait une inquiétude sur le risque de pénurie de gamètes...
Oui et c'est un enjeu très important. Le don va être compliqué que ce soit pour l'homme ou la femme, car il y a la levée de l'anonymat. C'est-à-dire qu'à partir de ses 18 ans, l'enfant qui sera né d'un don de gamète - spermatozoïde ou ovocyte - aura la possibilité d'interroger l'Agence de Biomédecine et d'avoir une levée complète de l'anonymat du donneur.
Et ça, il y a un certain nombre de femmes et d'hommes, plus les hommes d'ailleurs, qui refusent de donner parce que la levée de l'anonymat leur fait peur. Nous ici, nous avons en moyenne une quinzaine de donneurs par an. C'est un chiffre qui n'augmente pas malgré les demandes plus nombreuses. En tout cas pour l'instant ! Car en informant suffisamment, avec des campagnes, cela permettra de sensibiliser les gens au don. C'est essentiel.
La loi permet aussi aux femmes de congeler leurs ovocytes, c'est un changement important ?
C'est même central ! Et on en parle assez peu je trouve. Alors que je pense qu'il y a là une vraie révolution dans la conception de la maternité pour les femmes. Concrètement, cela veut dire que toute femme âgée de 29 à 37 ans peut venir nous voir et accéder à la congélation d'un certain nombre de ses ovocytes qu'elle pourra utiliser ultérieurement.
Or je pense que dans la population féminine ce n'est pas très développé, il faut absolument que l'on travaille dans ce sens-là pour que les femmes de cet âge-là comprennent qu'elles ont accès à cette possibilité. Parce que de fait, aujourd'hui l'âge du premier enfant étant 31 ou 32 ans en moyenne, il y a un certain nombre de femmes qui vont être confrontées à des difficultés de conception si elles ne vitrifient pas leurs ovocytes. Alors déjà, il faut commencer par en parler autour de soi !
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