"L'enjeu" de ce procès est celui "de la protection de nos vies privées par rapport à une menace, celle de la surveillance de masse", a déclaré la procureure Paméla Tabardel devant le tribunal correctionnel, demandant que la réponse pénale soit un "message fort" envoyé à "toutes les sociétés commerciales".
"Il a été dit, et c'est important, qu'Ikea est responsable", s'est réjouie Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT, en marge de l'audience.
La procureure n'a "pas prononcé une seule fois le mot système d'espionnage généralisé", a relevé Emmanuel Daoud, l'avocat d'Ikea France. "Il faudra dorénavant arrêter de dire qu'il y avait un système d'espionnage industrialisé", a-t-il insisté, précisant qu'il plaiderait jeudi la relaxe de la filiale française de l'enseigne d'ameublement suédoise.
Révélée par la presse puis instruite en 2012, cette affaire a mis au jour un système de surveillance des salariés et de certains clients, de leurs antécédents à leur train de vie ou leur patrimoine.
Outre Ikea France, quinze prévenus sont poursuivis, anciens dirigeants de l'entreprise, directeurs de magasins, fonctionnaires de police ou le patron d'une société d'investigations privée.
Deux relaxes demandées
Mardi, la procureure a demandé la relaxe de deux dirigeants, dont l'ancienne directrice des ressources humaines Claire Héry, qui encourait jusqu'à dix ans d'emprisonnement. "Les éléments sont insuffisants, mais nous ne sommes pas dupes", a commenté la magistrate.
Elle a aussi demandé la relaxe pour Stefan Vanoverbeke, PDG d'Ikea France de 2010 à 2015, contre qui il n'y a "pas d'élément matériel".
En revanche, elle a requis trois ans d'emprisonnement dont deux avec sursis pour son prédécesseur, Jean-Louis Baillot (1996-2009). "Je souhaite une peine qui marque la vie de Jean-Louis Baillot", a expliqué la procureure, affirmant que la "politique initiée" par l'ancien responsable avait affecté la vie d'au moins 400 salariés ayant fait l'objet d'"enquêtes privées".
M. Baillot "conteste vigoureusement sa culpabilité", a indiqué en marge de l'audience son avocat, François Saint-Pierre, qui plaidera jeudi sa relaxe.
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