"À quoi ressemblait ta vie avant le foot et les médias ?
Je suis né à Hyères les Palmiers, dans le Var. Puis je suis parti habiter quatre ans à Toulon. Mon père était militaire dans la marine, il était commandant de sous-marins. Donc on a pas mal bougé un peu partout en France. J'ai fait une école de commerce à Lyon. C'est un bon souvenir. C'est vrai que quand je parle de cette ville il y a une forme de retour aux sources : ma mère est Lyonnaise, mes grands-parents sont enterrés à Lyon. Je me suis toujours senti chez moi à Lyon, et l'OL a toujours été mon club de cœur.
Quels rapports as-tu avec le sport ? A-t-il été toujours très présent ?
Oui, le sport m'a toujours passionné. C'est quelque chose qui, je pense, remonte à mes années d'études à Lyon. J'étais en collocation avec trois autres copains, tous à fond dans le sport. Ce sont eux qui m'ont donné envie de m'intéresser au sport. J'aime le sport et les histoires de sportifs.
En 1998, tu commences ta carrière professionnelle chez Canal+...
Effectivement, mon premier job c'était du contrôle de gestion pour le service des sports de Canal+. Ça n'a pas été une passion, le contrôle de gestion ! Mais j'ai rapidement fait autre chose. Je suis parti dans le groupe Eurosport, où j'ai passé quand même 18 ans de ma vie en tant que patron des programmes de la chaîne Eurosport France. Puis Eurosport a été vendu au groupe américain Discovery. Je suis donc devenu patron des acquisitions de programmes des droits sportifs pour Discovery dans le monde entier.
Quand tu travaillais chez Eurosport, TF1 et Canal+, tu as aussi négocié des acquisitions de films ?
Oui, pendant un an et demi. Je me suis posé la question, à un moment donné, de savoir si ma passion était le sport ou la télévision. TF1 m'a fait cette proposition, où j'ai négocié des films et des séries.
Quelles différences il y a entre acheter des films et acheter du sport ?
La différence majeure, c'est l'émotion. Quand on achète un film, on l'achète et voilà. Acheter du sport, c'est autre chose. Vous devez aller sur place, interagir avec les acteurs qui sont souvent eux-mêmes d'anciens sportifs. Donc ça se fait de manière bien plus passionnée. Le sport reste, en revanche, plus difficile à négocier. Il faut trouver le bon prix, savoir s'arrêter au bon moment, dépenser raisonnablement… Il faut savoir garder son sang-froid et connaitre aussi le marché et les gouts de téléspectateurs.
Tu pars ensuite à L'Équipe...
Oui, j'ai passé 3 ans à L'Équipe, où j'ai dirigé le groupe. On s'est régalé ! Il y a eu une grande phase de transformation du groupe. On est passé d'un journal papier à de la digitalisation. Il y a eu la création d'une chaîne de télé gratuite, dédiée au sport. Pour que ça marche, on a programmé tout au long de la journée différents rendez-vous pour le téléspectateur.
Le monde des médias, ce n'est pas évident. C'est une bonne école pour arriver dans le foot après ?
Effectivement, les médias ce n'est pas toujours simple. Mais quand j'arrive dans le foot, c'est encore plus compliqué. Je découvre un milieu avec encore plus de chocs et de combats frontaux. Mais ça n'empêche pas que certaines personnalités sont très sympathiques. Je pense notamment à Joseph Oughourlian, Waldemar Kita, qui est sanguin mais passionnant, Jean-Michel Roussier, Marc Keller le président de Strasbourg ou Laurent Nicollin par exemple.
En 2023 tu reviens à Lyon. Comment tu deviens PDG de l'OL ?
C'est assez spécial, c'était en 2023. J'étais dans mon bureau à L'Équipe. Je reçois un coup de fil d'un chasseur de têtes. Il me dit que John Textor recherche un PDG pour l'OL. Tout se passait très bien à L'Équipe, et les Jeux de Paris 2024 approchaient, ce qui allait être génial pour notre groupe. Et en même temps, c'est vrai que l'OL a toujours été mon club de cœur. Les négociations ont pris vraiment pas mal de temps. Nous avons eu des échanges passionnants avec John, pendant des heures, et j'ai accepté.
La situation sportive du club, ça t'a fait réfléchir avant de t'engager ?
Bien sûr que ça m'a fait réfléchir. Je me souviens d'un match, à Marseille, lorsque le bus a été caillassé. J'étais encore à L'Équipe, dans les fins de discussions avec John Textor, et je reçois sur mon portable la photo de Fabio Grosso défiguré. La rédaction de L'Équipe me demande si on peut l'utiliser comme Une du journal et en même temps, je vois John interviewé sur le terrain et j'ai l'impression de voir un boxeur KO debout. Je me suis dit que j'avais un rôle à jouer à ses côtés, parce que dans ces cas-là, il faut appeler le patron de la Ligue Vincent Labrune, le patron de la fédération Philippe Diallo, la ministre des Sports, le conseiller sports d'Emmanuel Macron, et je connaissais tous ces gens dans le cadre de mon boulot précédent. John, lui, dans ce cas, est tout seul et n'est pas aidé. De l'autre côté, le président de Marseille a réussi à appeler les bonnes personnes et le match, on l'a rejoué à Marseille, dans un stade plein, sans nos supporters, qui étaient interdits de déplacement. Donc depuis, j'essaye d'oeuvrer pour l'OL !
Quand tu arrives à l'OL, le club est en très grande difficulté. Finalement, les choses vont vite changer ?
C'est toute la magie de ce travail. Moi j'ai toujours été passionné. Les émotions sont folles, chaque match est un ascenseur émotionnel. Les rencontres sportives sont incroyables, on arrive à remonter des scores, c'est dingue. Au-delà de la performance technique, c'est surtout comme le groupe arrive à se transformer. C'est un assemblage de plein de choses : l'arrivée de notre entraîneur Pierre Sage, des joueurs qui ont retrouvé la confiance, mais surtout des supporters qui ne nous ont jamais lâché.
On peut se permettre de faire du télétravail quand on est PDG de l'OL ?
Si je reste à la maison, c'est en jogging de l'OL évidemment ! (RIRES) Souvent, le vendredi, je reste à la maison, comme le samedi ou le dimanche nous avons match. Comme c'est un boulot qui ne s'arrête jamais, j'essaie de garder des moments en famille.
À quoi ressemble ta routine le matin ? Tu te lèves à quelle heure, qu'est-ce que tu manges ?
Je me lève à 7h15, pendant ce temps ma femme se prépare pour partir au travail. Quand elle passe à la radio, j'écoute sa chronique en faisant un peu de sport (la journaliste Bénédicte Le Chatelier, épouse de Laurent Prud'homme, est chroniqueuse sur Radio SCOOP). Après je ne mange pas forcément le matin. Je prends juste un café en général. En général, j'arrive au bureau vers 9h30.
Ton rapport en tant que directeur général avec le staff et les joueurs ?
Je n'ai pas une relation sportive et technique, parce que ce n'est pas mon expertise, je ne suis pas expert. Cependant, j'assite à tous les matchs, à domicile ou à l'extérieur. Quand je voyage avec le staff et les joueurs, c'est génial. Il y a de nombreuses relations qui se créent, c'est passionnant. Dans la semaine, je fais aussi des séances de physique avec les joueurs, c'est tellement enrichissant.
Jeudi, l'OL reçoit Manchester United en quarts de finale de Ligue Europa. Es-tu confiant pour ce match ?
C'est une très belle équipe avec un nouvel entraîneur qui a eu un peu de mal au début, mais qui performe maintenant. Ça va être un très beau match !"
Retrouvez l'interview complète de Laurent Prud'homme :
Lors de ce match, l'OL Stadium sera à guichets fermés et va même battre son record d'affluence pour un match de Coupe d'Europe. Plus d'infos dans l'article en lien ci-dessous !
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