Depuis cette année, c'est devenu invivable ! C'est un stress permanent, tous les jours, même en essayant tout ce qui est possible et tout ce que l'on nous propose de faire. Force est de constater que c'est pas suffisant !
À l'image de Mickaël Mazenot, arboriculteur à Saint-Paul-en-Jarez, les producteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes déplorent les dégâts dans leurs vergers.
Sur les fruits, les attaques de drosophile se traduisent par des piqûres. Le fruit se transforme en liquide gluant, en vinaigre, en deux à trois jours, très rapidement. Le fruit n'est absolument plus commercialisable, dès qu'il est piqué. Du coup, on jette tout et on ne peut même plus ramasser, parce que c'est très sale, avec une odeur de vinaigre. C'est intravaillable, et on n'a pas le droit de laisser dans le produit vendu des cerise véreuses.
Depuis une dizaine d'années, la drosophile, parfois appelée "mouche asiatique" attaque la production. Ce petit insecte volant aime particulièrement les fruits rouges ou noirs gorgés de sucre. Elle y pond ses œufs qui deviennent des larves et qui creusent des galeries. En quelques jours, la cerise pourrit, devient marron et prend une odeur et un goût de vinaigre.
Une perte sèche pour les professionnels du secteur, et un surplus de travail.
On double le temps de travail au moment de la récolte pour deux fois moins de quantité. Quand on laisse les fruits sur l'arbre, c'est une perte sèche. C'est même plus qu'une perte : c'est un besoin de trésorerie pour financer l'ensemble du travail fait à l'année. Et si on veut faire des investissements pour protéger nos vergers de cerisiers, il faut de la trésorerie au plus vite.
Jusqu'ici, les prodicteurs utilisaient un pesticide afin de repousser la drosophile, mais la Commission Européenne est passée par là.
Un pesticide dangereux interdit en France
Le pesticide utilisé jusque-là, le phosmet, a été interdit cette année en France en raison de "risques inacceptables pour les opérateurs, travailleurs, passants et résidents", pour les consommateurs et pour la faune.
Il existe d'autres moyens de lutter contre la drosophile, mais ils sont très chers et insuffisants, selon Jean-Charles Couzon, producteur à Cellieu dans la Loire :
On la connaît, cette bête, on a appris à connaître son fonctionnement et à gérer la prophylaxie de nos vergers pour éviter qu'elle soit là : faire des vergers les plus aérés possible avec le moins d'ombrage possible, le moins de zones de rétention d'humidité possible, afin qu'elle ne trouve pas les bonnes conditions pour se développer. On fait même de la protection physique avec des haies artificielles, parce que c'est un insecte qui vole assez bas, donc on essaie de bloquer son vol. Les filets para-grêle ou les bâches anti-pluie protègent aussi un petit peu, puisque ce sont des barrières physiques. Donc, tout ce qui sert à la prophylaxie dans le verger, c'est intéressant et on le fait. Mais à un moment donné, on n'y arrive plus !
Selon Jean-Luc Perrin, président de la FDSEA de la Loire, certaines cerises étrangères commercialisées en France sont traitées avec ce pesticide interdit sur notre sol. Les agriculteurs demandent donc l'application des clauses miroir : que tout produit importé respecte les normes sanitaires et environnementales françaises. Le gouvernement a toutefois officiellement stoppé depuis mars dernier les importations de cerises traitées au phosmet.
Les producteurs demandent aussi une accélération des recherches pour trouver des solutions. Des start-ups, à l'image de Ceraitis, étudient des répulsifs biologiques. Certains sont actuellement en test dans les Monts du Lyonnais.