"Ma fille a reçu une autorisation mais pour mon fils, c'est un refus", déplore Elisabeth, partisane de l'école en famille. "Je ne vais pas mettre mon fils à l'école alors que ma fille est à la maison, ça n'a aucun sens !"
D'après le collectif Instruction En Famille (IEF), des dizaines de fratries risquent ainsi d'être séparées.
"Nous sommes des gens responsables"
Pour Elisabeth, pas question de renoncer au modèle pédagogique qu'elle a choisi pour ses enfants, calqué sur les méthodes Montessori. "Je ne veux pas que mes enfants soient enfermés 8 heures par jour. Je suis formée à ces pratiques", poursuit-elle.
Même ton pour Jessie, qui a lui aussi reçu un refus pour l'un de ses enfants. "C'est une interdiction qui ne dit pas son nom, une atteinte à la liberté d'instruction", dénonce-t-il. "On veut nous faire passer pour je ne sais qui, mais nous sommes des gens responsables et nous voulons seulement le bien de nos enfants. Alors pourquoi nous montrer du doigt ?", interroge Jean-Philippe, un autre parent.
Le débat n'est pas complètement nouveau : d'un côté, les parents qui défendent le droit de faire l'école à la maison avec parfois une volonté assumée d'être en quelque sorte "hors système" et de l'autre, l'encadrement de cette pratique par l'Éducation nationale. Il faut dire que si l'instruction est obligatoire entre 3 ans et 16 ans, celle-ci peut aussi bien être dispensée à l'école qu'à domicile.
À condition dans ce cas-là de se soumettre à des contrôles de l'inspection académique qui s'assurent que les enfants sont instruits correctement.
Sauf que... Depuis l'adoption de la loi de 2021 dite "loi séparatisme", un changement de méthode s'est opéré. Auparavant, les parents n'avaient qu'à déclarer les enfants instruits à la maison auprès du rectorat. Désormais, chaque cas est étudié avec à la clé soit un refus, soit une autorisation.
Une délégation de parents a finalement été reçue en audience au rectorat vendredi dernier, lors du rassemblement.
"L'audience s'est déroulée dans un esprit constructif. Il a été rappelé aux parents les nouvelles dispositions imposées par la loi et la jurisprudence", indiquent les services de l'académie. "Chaque situation est examinée individuellement. Cela explique pourquoi la commission de recours administratifs préalables obligatoires a re-examiné les demandes de recours dans le cas de fratrie."