Ces pesticides s'attaquent au système nerveux des insectes - pas seulement des abeilles - et sont mis en cause dans le déclin massif des colonies. S'ils sont en principe interdits, depuis deux ans, les betteraviers bénéficiaient d'une dérogation pour les utiliser tout de même, afin de protéger les semences de betteraves sucrières. Mais cette année, alors que la France prévoyait une troisième année de dérogation, ils devront s'en passer. Une nouvelle qui passe mal dans le secteur, alors que les plantations sont prévues en mars.
La France acculée par la justice européenne
Si la France recule, ce n'est pas parce qu'elle a pris conscience des dangers de ces pesticides, ni pour tenir une vieille promesse d'Emmanuel Macron. C'est parce qu'elle y est obligée par une décision de la Cour de justice européenne.
La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a estimé jeudi qu'aucune dérogation concernant les semences traitées aux néonicotinoïdes n'était justifiée, y compris dans les circonstances exceptionnelles invoquées pour protéger les betteraves sucrières ; en l'occurrence, des attaques de pucerons responsables de la jaunisse de la betterave, qui ont réduit les récoltes d'un tiers, en 2020. Au final, les dérogations de la France étaient bien illégales au regard du droit européen…
Les betteraviers, "effondrés", réclament des indemnisations à l'État et affirment ne pas avoir d'alternatives. "Il y aura des baisses de surface, des planteurs qui vont abandonner. Si c'est une année à faible pression (de jaunisse), on saura gérer, mais si c'est comme en 2020 où on a perdu un tiers de la récolte, ce sera catastrophique", a déclaré à l'AFP Franck Sander, président de la Confédération générale des planteurs de betterave (CGB).
Les défenseurs de l'environnement, de leur côté, avance l'existence de dizaines d'alternatives aux pesticides de type néonicotinoïdes. Quoi qu'il en soit, des recherches scientifiques sont en cours dans le but de mettre au point des espèces de betteraves plus résistantes.
Et à la maison, pour participer à l'élimination des pesticides, on peut, par exemple en pâtisserie, remplacer le sucre blanc… par du miel !