RADIO SCOOP : La version donnée par le maire de Saint-Étienne, via ses conseils, est-elle plausible avec les éléments du dossier ?
André Buffard : "J'ai l'impression qu'on est sur une défense à géométrie variable. Elle s'adapte aux éléments de preuves qui sont apportés. Je me doutais que le maire allait finir par avouer qu'il était au courant de l'existence de cette vidéo, il y a tellement de preuves. Mais ses avocats disent qu'on se méprend sur ses intentions et que dans l'extrait diffusé, il serait plutôt en train de dissuader Gilles Rossary-Lenglet de divulguer cette vidéo. Que ce ne serait pas bien. Mais on entend aussi que ça le fait beaucoup rire. Il y a ici une contradiction troublante".
RADIO SCOOP : Pour l'instant, c'est le statu-quo au sein de la mairie, trouvez-vous ça dérangeant ?
André Buffard : "Évidemment, ce n'est pas à moi de dire si untel ou untel doit partir. Mais je constate en tant qu'avocat de la victime que les faits qu'elle rapporte sont très largement établis. Évidemment, je ne vais pas renier la présomption d'innocence, je suis avocat dans l'âme (sourire). Mais je constate, par contre, que le maire, le directeur de cabinet (Pierre Gauttieri) et un adjoint à l'éducation de cette ville (Samy Kefi-Jerome) sont mis en cause très gravement. Je suis surpris d'ailleurs que l'adjoint à l'éducation et à la petite enfance, qui est une noble tache, qui est mis en cause et dont on est sur qu'il soit à l'origine de la vidéo, n'ait toujours pas été invité à démissionner. À Saint-Étienne, il ne se passe rien. Mais quand il commence à y avoir une accumulation de nuages, chacun doit prendre ses responsabilités".
RADIO SCOOP : Cette affaire est-elle hors norme ?
André Buffard : "Sincèrement, je n'ai jamais vu cela. C'est un scenario d'un romain policier, des méthodes dignes du KGB. Je n'ai pas connaissance en France d'un dossier similaire, d'où le côté extraordinaire, et particulièrement choquant. Mais il ne faut pas minimiser les faits, par rapport à certaines réactions des uns et des autres. Ce n'est pas une banale plaisanterie, ce n'est pas une blague de carabin, M. Gilles Artigues a songé à mettre fin à ses jours. Il a vécu un calvaire pendant huit ans avec cette menace de briser sa vie au-dessus de sa tête. C'est une méthode de mafieux et une affaire de voyous".