C'est un enjeu important : 10 milliards de baguettes de pain sont produites en France chaque année, soit 320 par seconde.
Chaque Français consomme en moyenne 120 grammes de pain par jour, soit un peu plus de la moitié d'une baguette.
Le coup de pub fait polémique
En premier lieu, les boulangers, bien sûr, sont en colère. Pour chaque baguette vendue, ils réalisent une marge moyenne de 12 centimes et selon eux, cette concurrence risque donc de faire très mal. D'autant que le contexte est tendu : les prix des matières premières et de l'énergie sont au plus haut.
Ensuite, les agriculteurs également sont opposés à cette promotion.
La filière agricole, qui travaille en ce moment avec le gouvernement pour être rémunérée de manière plus juste, a dénoncé mercredi "une campagne démagogique et destructrice".
Et c'est là que la dimension environnementale entre en jeu : selon le communiqué publié mardi par Intercéréales, l'AGPB (l'Association générale des producteurs de blé), l'Association nationale de la meunerie française, la FNSEA (la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) et la Confédération nationale de la boulangerie et de la boulangerie-pâtisserie française, si on "habitue les Français à des produits aussi peu chers, on finira par tuer des emplois d'agriculteurs français. On importera beaucoup plus de produits venus d'ailleurs. Ça ne sera pas du tout les mêmes normes de production. Et les consommateurs y perdront".
Une baguette, c'est de la farine, de l'eau, du sel et du levain (ou de la levure). Si elle est moins chère, c'est qu'elle risque d'être pétrie avec des farines importées, de moins bonne qualité, avec des normes environnementales revues à la baisse.
Alors que les prix du blé ont augmenté d'environ 30% en un an, les agriculteurs se demandent : "où le groupe Leclerc achète sa farine ?"
Sur ce point, Leclerc répond que cette opération est 100 % financée par les magasins, qui prennent sur leurs marges. "En aucun cas, cette action n'a d'impact sur les prix d'achat aux fournisseurs", selon l'enseigne, qui déclare que ses magasins s'approvisionnent en matières premières auprès de fournisseurs français "en priorité". "En priorité", c'est-à-dire, pas à 100 %.
N'oublions pas l'enjeu symbolique autour de ce débat, puisque le savoir-faire et la qualité de la baguette française sont en passe d'être reconnus par l'UNESCO.
Reste à faire un choix entre une baguette à prix imbattable, possiblement pétrie avec de la farine importée, et un pain plus cher, mais local, "made in France", chez votre boulanger, à condition, bien sûr, qu'il certifie la provenance de ses ingrédients.