L'ancien maître-chien militaire de 38 ans doit être jugé à partir du 31 janvier devant la cour d'assises de l'Isère pour le meurtre précédé de l'enlèvement et de la séquestration de cette enfant de 8 ans. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Nordahl Lelandais a longtemps nié avant d'être confondu en février 2018 par la découverte d'une tache de sang dans le coffre de sa voiture, désossée par les enquêteurs. Il déclare alors avoir tué Maëlys "involontairement" en lui portant des coups très violents au visage.
Fabien Rajon, avocat à Lyon, représente sept parties civiles membres de la famille de Maëlys. Devant les Assises de l'Isère, il portera les intérêts de sa mère, de sa grande sœur, de ses deux grands-parents, de sa tante et de deux cousins. À moins d'une semaine du procès, nous l'avons rencontré.
"Leur crainte, c'est qu'il puisse parvenir à tromper les jurés"
Dans quel état d'esprit se trouvent les membres de la famille de Maëlys à l'approche du procès ?
Ils sont lucides quant au fait que ce procès aux Assises représente une épreuve très difficile pour eux. Mais nous sommes également combatifs, en tout cas je le suis pour leur défense. Je me dois d'être prêt pour ce rendez-vous judiciaire de haut niveau qui nous attend. Je pense que l'attente principale de mes clients, c'est que la justice prenne toute la mesure de la dangerosité de Nordahl Lelandais. Parce que, au fond, cette famille comme tous les invités de ce mariage - au cours duquel Maëlys a été enlevée - ont été trompés par Nordahl Lelandais. Leur crainte, c'est qu'il puisse parvenir à tromper les jurés de la cour d'assises comme ils ont été trompés ce soir d'août 2017.
Comment vous, en tant qu'avocat, avez-vous préparé ce procès ?
Je suis ce dossier depuis ses débuts, c'est-à-dire septembre 2017. C'est un dossier de 23.000 pages, qui nous mobilise au cabinet car nous travaillons à plusieurs pour se préparer. On travaille sur notre stratégie, la procédure, on confronte nos points de vue. Et au plan humain, on accompagne la famille au mieux pour cette échéance cruciale.
Nordahl Lelandais a été condamné l'année dernière à 20 ans de prison pour le meurtre d'Arthur Noyer. Qu'est-ce que cela implique pour ce nouveau procès ?
Je dirai que, sur cette affaire en particulier, nous avons déjà une vérité incontestable et même incontestée par Nordhal Lelandais lui-même : c'est un meurtrier, il a déjà tué. Donc bien évidemment, nous garderons un œil sur cet antécédent, qui n'est pas anodin et qui en dit beaucoup sur la personnalité de cet individu et surtout sur sa dangerosité.
"Nous allons veiller à ce que le souvenir de Maëlys vive"
Il sera également jugé pour des faits d'agressions sexuelles, d'enregistrement et de détention d'images pédopornographiques. En quoi cela peut-il se lier à l'affaire qui concerne le meurtre de Maëlys ?
La conséquence que j'en tire, c'est que ces infractions dites connexes vont permettre de mieux cerner la personnalité de Nordahl Lelandais, d'essayer d'y voir un petit peu plus clair sur son attrait pour la pédophilie et là encore, de mieux cerner sa dangerosité. Et peut-être aussi, de cerner le mobile et les intentions qu'il avait le jour de l'enlèvement et de la disparition de Maëlys.
Les débats vont assez rapidement se concentrer sur la personnalité de Nordahl Lelandais. N'y a-t-il pas un risque que le procès s'éloigne de Maëlys, qu'elle s'en retrouve éclipsée ?
Les textes en droit pénal sont très clairs, quand un accusé est jugé aux Assises, la cour doit juger, d'une part, les faits et, d'autre part, sa personnalité. Oui, il sera au centre des débats, car c'est lui qui sera jugé. Pour autant, nous allons veiller à ce que le souvenir de Maëlys vive pendant ces trois semaines de procès. Parce que je pense qu'il y a eu une très grande mobilisation, un très grand soutien de la part des Français à l'égard de cette famille qui a été tragiquement endeuillée et qu'il est important de faire vivre le souvenir de cette fillette innocente.
