Au septième jour du procès en appel de l'ancien couple pour des coups mortels portés à Fiona, dont le corps n'a jamais été retrouvé, la caissière du cinéma d'un centre commercial de Clermont-Ferrand se rappelle que l'enfant "portait un bandeau et, dessous, sa tête était enflée, déformée".
"Ça m'a perturbée, je me suis dit, cette petite fille doit être frappée", explique-t-elle, tellement alertée par l'état de la fillette qu'elle avait quitté son guichet pour suivre des yeux la famille. Elle voit partir Berkane Makhlouf et Cécile Bourgeon, accompagnés de la petite soeur de Fiona, et cette dernière marcher en retrait derrière eux.
"C'était la première fois en 28 ans que je quittais ma caisse. J'en ai parlé à mes collègues, ma famille...". Le dimanche suivant, elle entend parler d'une fillette disparue dans un parc de la ville. "Pourvu que ce ne soit pas la petite fille du cinéma, sinon elle est morte et ils (les accusés) racontent une histoire d'enlèvement", se dit alors Corinne Leoty.
Mais la caissière n'appelle pas la police. Elle ne reconnaît pas l'enfant du cinéma sur les photos de Fiona, souriante, le teint lumineux, diffusées à l'époque.
Puis, en septembre 2013, les deux accusés avouent que la fillette est morte. Corinne Leoty reconnaît Berkane Makhlouf à la télévision.
"De princesse à boulet"
C'est bien lui l'homme "excité" qui lui avait demandé ce 8 mai, au côté de Fiona, s'il y avait un film pour enfants. Cécile Bourgeon et sa plus jeune fille étaient restées éloignées. Corinne Leoty contacte alors la police.
Interrogé par la cour sur l'épisode du cinéma, Berkane Makhlouf a démenti que Fiona ait eu une ecchymose sur le visage, juste "un petit bleu", dit-il, tout en admettant que son ex-compagne avait maquillé la fillette parce que "le bleu, ça faisait moche".
Aucun autre témoin du centre commercial abritant le cinéma n'a mentionné l'état inquiétant de Fiona et les images de vidéosurveillance, de qualité médiocre, n'ont pas permis de distinguer de marques sur son visage, a rappelé le président.
Dans un autre moment poignant mardi, une amie de longue date de Cécile Bourgeon a expliqué à la barre que cette dernière lui avait "toujours dit que Fiona était un "bébé héroïne"".
Sa mère, semblait s'être détachée d'elle quand elle a été enceinte de son troisième enfant, conçu avec Berkane Makhlouf: Fiona, selon elle, "était passée de petite princesse à petit boulet".
Laurie Thesillat a également raconté avoir été choquée quand Cécile Bourgeon lui avait montré "avec fierté une photo de ses filles devant une armoire remplie de cannabis".
"En dix ans, je n'ai jamais vu Cécile pleurer, sauf à la télé" après le prétendu enlèvement, a-t-elle ajouté. Et "j'ai du mal à croire qu'elle ne se souvienne pas où Fiona est enterrée".