Radio SCOOP : pouvez-vous expliquer votre présence ici au Village des Créateurs ?
EnjoyPhoenix : "on a décidé avec mon site HonestMind de venir ici pour présenter des créateurs français principalement, et quelques-uns européens, pour montrer leur savoir-faire dans les vêtements et le textile. Aujourd'hui, avec la montée en puissance de l'ultra fast-fashion (NDLR : la "mode rapide"), c'est important de revenir aux sources et de remettre dans le contexte le prix d'un vêtement : comment il est fabriqué, d'où il vient, qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur, son impact sur l'environnement... Et donc c'est pour ça qu'on est là aujourd'hui".
Radio SCOOP : HonestMind, c'est finalement plus qu'une marque, c'est une sorte de vitrine ?
EnjoyPhoenix : "c'est ça, c'est une vitrine pour mettre en valeur des créateurs. On leur propose, pour qu'il y ait un esprit créatif, de faire des co-créations avec nous, qui sont exclusives pour HonestMind. Pour l'instant, on cherche des créateurs majoritairement français, qui peinent à se faire connaître, ou qui sont déjà implantés, des petites entreprises qui font travailler et qui payent des gens décemment, dans des conditions de travail correctes. On regarde aussi s'ils ont des labels, des certifications. C'est inspirant, c'est chouette de leur donner de la visibilité. Quand on a des géants de la fast-fashion, on oublie qu'il y a des gens qui font tout de leurs mains et c'est dommage de les invisibiliser donc nous, on cherche à les faire sortir de l'ombre.
Forcément, c'est un budget supplémentaire, parce que les gens oublient combien ça coûte vraiment de réaliser des vêtements. Si on veut que tout le monde soit payé équitablement, si on veut que les matériaux soient français, on est obligé d'augmenter les prix, mais les prix sont justes, finalement".
Radio SCOOP : Quand vous avez commencé votre carrière de YouTubeuse, étiez-vous déjà sensible à ces valeurs ?
EnjoyPhoenix : "quand j'ai commencé, ce n'étaient pas des questions trop ancrées chez moi. Dans ma tête, c'était plus de consommer, comme n'importe quel ado de mon âge... À ce moment-là, j'avais 16 ans. C'est seulement plus tard que je me suis rendu compte que je ne pouvais pas continuer à montrer à ceux qui me suivent un exemple de surconsommation, je me suis sentie un peu responsable. Je me suis dit qu'il fallait que j'essaie de changer la donne à mon échelle.
Je suis partie en Tanzanie pour aller voir des plantations d'arbres et là-bas, j'ai vu la déforestation, j'ai vu ces grandes plaines vides. Ça m'a fait un choc. C'est en tout cas là que je me suis dit que je ne pouvais pas continuer comme ça. Aujourd'hui, je refuse beaucoup de partenariats de grandes marques qui, en général, tentent de s'implanter dans cette thématique, mais font juste du greenwashing (NDLR : stratégie de communication et de marketing visant à faire croire que l'entreprise a une politique écoresponsable)."
