Radio SCOOP : "Comment devient-on présentateur du Tour de France et comment s'y prépare-t-on ?"
Alexandre Pasteur : "Je n'ai jamais rêvé de présenter le Tour à la télévision, je me prédestinais à la presse écrite sportive. Je n'y pensais même pas ! Je le suis devenu en étant passionné de vélo. Mes premiers souvenirs de cyclisme, c'est à six ans et demi. Puis le destin a fait que j'ai basculé vers le monde de la télé et que j'ai rencontré les bonnes personnes, qui m'ont fait confiance.
Présenter le Tour, c'est un gros challenge : 115 heures de direct, toutes les étapes diffusées et des émissions en parallèle. Ça fait de longues journées ! La règle d'or, quand on se prépare pour le Tour, c'est d'être en forme, d'avoir une vie saine, parce que la fatigue va vite arriver. C'est un peu comme les coureurs : c'est une épreuve de résistance, de longue haleine, donc on se prépare en conséquence !"
Radio SCOOP : "Qu'est-ce qui fait le succès du Tour de France à la télé, année après année ?"
Alexandre Pasteur : "On estime qu'un Français sur deux qui regarde le Tour le fait pour des raisons patrimoniales, pour le paysage et la partie hors course. C'est un reportage en direct, avec les deux hélicoptères qui survolent la course et mettent en valeur ce que la France a de plus beau : des châteaux, des églises, des villes et des villages, des rivières… Ce voyage de trois semaines passionne les Français et j'accorde beaucoup d'importance à cette dimension pendant le direct.
C'est aussi une ville de 5.000 personnes qui se déplace deux fois par jour durant quasiment un mois. C'est un immense cirque itinérant, mais c'est ça qui est grisant : de changer d'endroit tous les jours, de rencontrer du monde, de voir des paysages, des terroirs qu'on ne connaît pas… C'est exceptionnel.
Les audiences nous parviennent tous les matins, mais ça n'influence pas ma manière de travailler. Le Tour fera toujours des audiences de dingue, donc je ne mets aucune pression. Le succès du Tour ne se dément jamais. C'est gratuit et accessible sans abonnement. Modestement et humblement, derrière le micro, on n'y est pour pas grand-chose. On est juste des relayeurs d'émotion ! L'audience se fait toute seule, avec tous les moyens techniques déployés".
Radio SCOOP : "Sur le plan sportif, à quoi faut-il s'attendre cette année ?"
Alexandre Pasteur : "Il y aura très peu d'étapes neutres, cette année, on va échapper à la monotonie des étapes de plaine. Il y aura au maximum quatre arrivées au sprint, et il y aura "de la baston", avec des baroudeurs, des favoris qui vont s'expliquer. Le parcours est bien dessiné cette année, pour tenir les téléspectateurs en éveil.
Le 14 juillet sera une date forte pour les Français, avec une étape de 5.000 mètres de dénivelé. On peut s'attendre à des cartons d'audience ! Elle va emmener les coureurs de Briançon à l'Alpe d'Huez en passant par le Galibier, la Croix de Fer, la montée de l'Alpe… Ça va être exceptionnel !
Les Français seront acteurs du Tour de France, avec des chasseurs d'étape : Julian Alaphilippe, Bryan Coquard, Romain Bardet… Mais j'ai un doute sur le fait qu'ils puissent jouer les premiers rôles au général. La concurrence est terrible et ils n'ont pas donné beaucoup de garanties sur les dernières courses à étapes".
Alexandre Pasteur nous a également confié qu'il n'était pas opposé à l'idée de succéder un jour à Christian Prudhomme à la direction du Tour de France : "Quand on regarde l'histoire, il n'y a eu que cinq directeurs du Tour, en un peu plus d'un siècle, et tous étaient des hommes de média ! Ça ne me laisserait pas insensible, mais ça demanderait énormément de compétences, d'énergie et de travail. Est-ce qu'à 51 ans, je ne suis pas déjà trop vieux ? Je ne vais pas faire encore quinze Tours de France, mais j'ai envie d'en profiter encore quelques années, sans non plus m'accrocher comme un mort de faim à ce poste. Remplacer Christian Prudhomme ? Pourquoi pas, même si j'aurai peur de ne plus m'appartenir ! J'ai peur que ce soit un peu grand pour moi. Mais ça me tenterait !".