Plus de vingt ans de violence physique et sexuelle
Dans un livre intitulé "Tout le monde savait", paru en mai 2021 un mois avant le début de son jugement, Valérie Bacot raconte son histoire. Elle dit qu'elle avait 12 ans quand l'amant de sa mère, Daniel Polette, 25 ans plus âgé, la viole pour la première fois. Condamné en 1995, il réintègre le domicile maternel dès sa sortie de prison, et la viole à nouveau. "Mon histoire est le fruit de tant de dysfonctionnements", assure-t-elle.
Enceinte à 17 ans, elle se fait chasser par sa mère alcoolique et s'installe seule avec Daniel Polette. Elle raconte être victime de violences physiques, comme lorsqu'à Noël, il l'assomme d'un coup de marteau parce que la guirlande qu'elle a achetée ne fonctionne pas. Ou qu'un autre jour, il l'étrangle jusqu'à l'évanouissement alors qu'elle est enceinte.
En 2004, il commence à la prostituer. Il l'emmène lui-même dans la forêt et lui fait porter une oreillette dans laquelle il donne ses instructions. D'après l'enquête, il l'aurait menacé "une dizaine de fois" avec un pistolet.
"J'ai souhaité fuir mille fois" mais "comment ne pas mettre les enfants en danger?", explique Valérie Bacot, pour qui l'expertise psychiatrique a conclu à une "soumission à une forme d'emprise", confirmant le "syndrome de la femme battue".
Défendue par les avocates de Jacqueline Sauvage
Un jour, alors qu'elle a 14 ans, la fille de Valérie Bacot, Karline, confesse : "il m'a demandé comment j'allais sexuellement". Valérie Bacot a quatre enfants, ils disent avoir faits deux signalements à la gendarmerie pour dénoncer les violences, mais aucune trace n'en a été retrouvée.
Valérie Bacot décide alors de passer à l'acte le 13 mars 2016 : après que Daniel Polette eut exigé de sa femme une nouvelle humiliation sexuelle par un client, elle saisit le pistolet que son mari cache dans la voiture et le tue d'une balle dans la nuque. Avec l'aide de deux de ses quatre enfants, elle cache le corps de son mari à La Clayette, en Saône-et-Loire (71). Mais arrêtée en octobre 2017, elle avoue immédiatement, et sera libérée sous contrôle judiciaire un an plus tard.
Ce meurtre rappelle évidemment l'affaire Jacqueline Sauvage, du nom de la femme jugée en 2014 pour le meurtre de son mari, puis graciée par le Président de la République François Hollande en 2016.
Valérie Bacot sera d'ailleurs défendue par Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, deux avocates qui avaient défendu Jacqueline Sauvage. Elles estiment que "ce sont les violences extrêmes subies pendant près de 25 ans et sa peur de les voir se perpétuer à l'encontre de sa propre fille qui ont conduite Valérie Bacot, de manière inexorable, au passage à l'acte", ont expliqué les avocates à l'Agence France Presse (AFP).
Plus de 500.000 personnes ont signé une pétition réclamant "la liberté" pour Valérie Bacot. Le procès à Chalon-sur-Saône doit s'achever ce vendredi 25 juin.