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ESPIONNAGE CHEZ IKEA : UN SYNDICALISTE DU MAGASIN DE SAINT-PRIEST EN A FAIT LES FRAIS

Dimanche 21 Mars - 17:48

Actualité


IKEA - © Pixabay
Premier jour du procès, ce lundi 22 mars, de la filiale française d'Ikea et d'anciens dirigeants et directeurs de magasins. On leur reproche de s'être renseignés illégalement sur des salariés, par l'entremise de policiers.


Après plus de 8 ans d'enquête, le temps du procès est arrivé dans l'affaire d'espionnage chez Ikea. L'accusation dénonce même un "système d'espionnage institutionnalisé" au sein de la filiale française du géant de l'ameublement.

Pendant plusieurs années, l'enseigne s'est renseignée sur ses salariés, en collectant et conservant des données confidentielles. Par exemple, les directeurs de magasins en cause se procuraient les informations figurant dans le fichier STIC (le Système de Traitement des Infractions Constatées) que leur transmettaient des policiers complices.

Au total, 15 personnes comparaissent à partir de ce lundi 22 mars devant le tribunal correctionnel de Versailles. Parmi elles, deux anciens patrons de la chaîne de magasins dans l'Hexagone, l'ancienne DRH, des directeurs de magasins, ainsi que 5 policiers ou ex-policiers.

Elles seront jugées pour plusieurs infractions comme la "violation du secret professionnel" ou la "collecte de données à caractère personnel, par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite".

Le numéro de la plaque d'immatriculation du délégué syndical de Saint-Priest transmis à la police


Parmi les pratiques les plus courantes : la vérification des antécédents judiciaires des candidats à l'embauche. La liste des noms était envoyée au cabinet Eirpace, créé par l'ex-RG Jean-Pierre Fourès (il fait partie des prévenus) qui fournissait ensuite à Ikea les fichiers de police des candidats, au tarif de 80 euros l'unité.

Tous les moyens étaient bons pour se renseigner sur la vie des salariés et notamment sur celle des responsables syndicaux. Ainsi, en 2004, le directeur de la sécurité du magasin Ikea de Saint-Priest dans le Rhône a envoyé à la police le numéro d'immatriculation du véhicule du délégué SUD en demandant d'enquêter sur la façon dont il avait acquis cette voiture et comment il l'avait payée.

"À l'époque, jamais les collègues n'ont soupçonné de telles pratiques", raconte Frédéric Leschiera, secrétaire du syndicat SUD Commerce et Services en Auvergne-Rhône-Alpes. Le syndicat s'est d'ailleurs porté partie civile. "On ne pouvait pas imaginer que de nombreux policiers puissent donner des informations confidentielles en toute impunité".

Autre exemple : après une longue grève dans le magasin de Franconville dans le Val d'Oise en 2010, Ikea aurait déboursé jusqu'à 1 million d'euros pour enquêter sur les syndicalistes qui avaient mené la grève.

Dans un autre magasin, la direction a recruté une fausse caissière mais vraie agente de sécurité pour espionner ses prétendus collègues.

"Le but pour eux étant de trouver à chaque fois une faute qu'auraient pu faire ces salariés pour pouvoir les exclure d'Ikea", déplore Frédéric Leschiera qui poursuit : " On peut légitimement se demander si Ikea est la seule entreprise a avoir fait appel à cette officine de ce policier barbouze. Il a détruit 100 kg d'archives, le lendemain du jour où l'affaire a été révélée par le Canard Enchainé. Je pense qu'on n'a que l'écume, et que toute une partie de turpitudes et de saloperies faites nous ont été cachées".

Le procès doit durer jusqu'au 2 avril.