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MÉTROPOLE DE LYON : DES LOGEMENTS TROP CHERS PAR RAPPORT AUX REVENUS

Vendredi 2 Juillet - 05:55

Actualité


Logement indécent - © Alpil
L'agence régionale de la Fondation Abbé Pierre dévoile une étude sur le prix des logements dans la métropole de Lyon. Entre 2007 et 2017, les prix ont augmenté deux fois plus que les revenus des ménages.


La fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés a pour objectif d'aider les personnes à accéder à un logement décent. Ces dernières années, l'agence Auvergne-Rhône-Alpes située à Lyon a observé une hausse des prix et des loyers dans la métropole. Pour tenter de comprendre le phénomène et ses répercussions, l'agence régionale a demandé une étude à Loïc Bonneval, enseignant-chercheur à l'Université Lyon II, qui a rendu ses conclusions le 30 juin dernier.

Un phénomène qui "ne pénalise pas seulement les plus précaires"


Malgré un effort de construction de nouveaux logements ces dernières années, Loïc Bonneval démontre que les prix et loyers de l'agglomération lyonnaise ont augmenté de 30%, tandis que le revenu médian n'a crû que de 17%. "Contrairement au diagnostic de certains économistes, la hausse des loyers dans les métropoles est bien réelle, elle constitue un problème croissant qui ne pénalise pas seulement les plus précaires. L'enjeu de la régulation des prix des loyers devient donc plus prégnant dans une métropole comme celle de Lyon", détaille l'enseignant-chercheur.

Son étude porte sur 600 ménages. Pour expliquer le rapport entre revenu et prix du logement, il utilise la notion de "taux d'effort" : "c'est la part du revenu que les ménages consacrent au logement. Il y a un seuil de 33%, c'est-à-dire un tiers des revenus, que l'on recommande de ne pas dépasser. Or pour les plus modestes, ce taux d'effort dépasse les 40 voire 50%, et on retrouve des cas où la quasi-totalité du revenu est absorbée par le logement, ce qui oblige les ménages à se priver d'autre chose, le chauffage ou l'alimentation par exemple".

Ce phénomène est d'ailleurs visible chez des catégories plus larges de la population : "cela ne concerne pas uniquement les personnes les plus précaires, mais aussi de plus en plus des personnes salariées, comme des enseignants, infirmiers, agents de la voierie, serveurs etc. qui, en situation normale, pourraient trouver à se loger sur le marché", explique Loïc Bonneval.

Un blocage pour la demande de logement social


Autre conclusion mise en lumière par le chercheur : le blocage de la chaîne du logement : "si les prix pour devenir propriétaire augmentent, un certain nombre de locataires ne peuvent pas devenir propriétaires, donc ils restent dans leur logement, n'en libèrent pas, il n'y a pas de rotation, donc on a des effets d'embouteillage. Pour une demande de logement social, on peut parfois attendre plusieurs années", analyse-t-il. Fin 2020, l'agence régionale compte 60 000 demandes de logement social, et dénonce une baisse des attributions dans le même temps.

"C'est la pression sur le logement social qui justifie le fait qu'on se préoccupe du parc privé", explique Véronique Gilet, directrice de l'agence régionale Auvergne-Rhône-Alpes de la fondation Abbé Pierre. Autre alerte, pendant la crise sanitaire, la fondation a mis en place un dispositif d'aide aux personnes logées dans le privé, et a remarqué des situations alarmantes : "on a vu des locataires qui n'étaient pas encore en impayé mais qui tenaient comme ils pouvaient avec des taux d'effort insoutenables atteignant même les 90%", explique-t-elle.

Les recommandations de la fondation Abbé-Pierre


Du côté des solutions, le chercheur recommande la construction de logements, mais à la condition qu'ils soient "abordables".

Pour Véronique Gilet, ce genre d'étude peut permettre à la fondation de faire des propositions appuyées à la métropole, comme un renforcement de l'accompagnement des ménages locataires : "ce n'est pas très compliqué, il faut proposer de l'information sur le droit des locataires, et les protections dont on dispose", recommande-t-elle.

Mais elle espère que l'initiative de l'agence régionale sera suivie par les pouvoirs publics : "il faut que la puissance publique continue d'observer l'évolution des prix des loyers et des taux d'effort des ménages. Nous n'allons pas pouvoir faire plusieurs études nous-mêmes car notre rôle est plutôt d'aider les personnes à se loger". Cela permettrait notamment de repérer des "niches", c'est-à-dire des logements privés qui sont encore abordables pour les catégories modestes. "Il s'agit de les sanctuariser, car si on n'intervient pas pour maintenir ces niveaux de prix, cela va nous échapper et à la relocation les niveaux de prix vont exploser", conclut-elle.

Pour transmettre ses recommandations, la fondation Abbé Pierre a rencontré Renaud Payre, vice-président de la métropole en charge de l'habitat, le 30 juin.