À 777 jours du coup d'envoi des JO à Paris, la Première ministre a chargé le ministre de l'Intérieur et la ministre des Sports de "mettre en œuvre sans délai" les recommandations de ce rapport, a indiqué Matignon dans un communiqué.
Le préfet Cadot plaide en priorité pour la mise en place d'une instance de pilotage nationale pour tous les événements sportifs internationaux d'intérêt majeur, sur le modèle de celui déjà en place pour les JO-2024.
Ce document de 30 pages revient par ailleurs sur le déroulé de la soirée, de la préparation "en 3 mois au lieu de 18", à l'arrivée mal "signalisée" des supporters en transports, jusqu'à l'embolie aux "points de pré-filtrages", combinée à un phénomène de "délinquance d'opportunité" aux abords du stade.
Spectateurs sans billets qui escaladent les grilles, supporters et familles aspergés de gaz lacrymogènes, d'autres victimes de vols ou d'agressions : des scènes de chaos avaient précédé et suivi la finale de la Ligue des Champions Real Madrid-Liverpool dont l'organisation avait été confiée à la France en remplacement de Saint-Pétersbourg, après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
De graves dysfonctionnements
Pour le délégué interministériel, l'élément déclencheur de la crise reste l'"afflux mal maitrisé du public excédentaire, sans billets ou avec des faux billets, dans des proportions inédites".
Mais il appelle à "relativiser" la version du Ministre de l'Intérieur qui avait évoqué dans un premier temps jusqu'à 40.000 supporters anglais sans billet valide aux abords du stade.
Le rapport conclut que "les organisateurs et la police ont subi" pendant toute la soirée la situation de crise et pointe des "problèmes d'exécution" dans le dispositif du maintien de l'ordre.
Il est clairement fait allusion, au manque d'agilité et d'adaptation du dispositif de 1.300 forces de l'ordre, alors que la situation devenait de plus en plus problématique, notamment sur la gestion des flux de spectateurs perturbée par la grève du RER B.
De nombreux supporters, surtout de Liverpool, ont pointé le dispositif de maintien de l'ordre et l'emploi de gaz lacrymogènes pour ce match le plus important de la saison en Europe.
Au cœur de la polémique, le préfet de police Didier Lallement a été auditionné jeudi par la commission des Lois du Sénat, quelques jours après le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera.
Destruction des images de vidéosurveillance
Dans un contexte franco-britannique très tendu, la polémique a pris un nouveau tour après l'annonce jeudi par la Fédération française de football (FFF) que les images de vidéosurveillance du Stade de France avaient été détruites au bout de sept jours, faute d'une réquisition de la justice.
Mais la préfecture de police a indiqué vendredi disposer toujours des siennes. La police chargée d'enquêter sur le volet des faux billets a envoyé une réquisition au stade de France pour les récupérer, a appris vendredi de source policière.
"S'il advenait que l'on découvre que, volontairement, il n'a pas été collecté, conservé ces images, alors là évidemment les choses prendraient une autre ampleur, beaucoup plus grave", a réagi sur BFMTV François-Noël Buffet, président LR de la Commission des lois du Sénat, assurant que "les choses ne s'arrêteront pas".
"Nous envisageons d'auditionner tout le monde, y compris de faire revenir le ministre et le préfet de police. La semaine prochaine, nous auront la RATP et la SNCF aussi. Nous irons même peut-être sur place", a-t-il ajouté.