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LYON : DEUX ÉTUDIANTS EN GRÈVE DE LA FAIM POUR UNE PLACE EN MASTER

Vendredi 8 Octobre - 05:30

Actualité


Rabah et Iman ont entamé une grève de la faim mardi 5 octobre devant l'Université Lyon 2. - © DR
Dès cet été, plusieurs syndicats étudiants alertaient sur les manques de place en master. Depuis la rentrée universitaire de nombreux étudiants sont encore sans solution. Malgré les annonces de places supplémentaires dans les filières en tension.


"SOS, étudiants à la rue", peut-on lire sur l'une des pancartes en carton qui encerclent les deux étudiants installés sur des chaises pliantes. Protégés de la pluie par un parasol, Rabah et Iman sont en grève de la faim. Tous les deux ont obtenu une licence de droit à l'Université Lyon 3. Mais leur candidature en master n'a pas été acceptée. Après avoir tenté différents recours possibles, ils ont décidé d'aller plus loin pour se faire entendre.

"On se sent abandonnés"


Rabah aimerait devenir administrateur judiciaire. Un métier qui nécessite un diplôme, qui pour l'instant, lui est refusé. "Je voudrais m'inscrire en master droit des affaires car c'est ce qui correspond le mieux à mon parcours, il faut que je suive cette formation pour exercer ce métier." Malgré un dossier de candidature qu'il assure avoir préparé minutieusement, lettre de recommandation à l'appui, il reçoit finalement une réponse négative.

Comme pour d'autres étudiants, le mail de refus précise : "les résultats obtenus au cours de votre cursus sont insuffisants". Et plus loin, un autre motif qui étonne l'étudiant : "Votre absence de formation en droit français ne permet pas d'accéder directement cette formation."

Sa licence de droit (français donc) lui a pourtant été délivrée à l'Université Lyon 3, "le trottoir d'en face", ajoute Rabah qui ne comprend pas bien. Contactés par la rédaction, les services de l'Université Lyon 2 reconnaissent "une erreur" et indiquent que le dossier est en cours de réexamen.

"Ok, mais si mon dossier est de nouveau examiné et qu'entre temps toutes les places sont prises, je fais quoi ?", interroge Rabah qui dit se battre aussi "pour tous les autres étudiants dans la même situation. La poursuite d'étude est un droit. On se sent abandonnés."

"J'ai une chambre au CROUS, mais je risque de devoir partir"


La situation est un peu différente pour Iman, qui se dit prête à accepter un autre master de droit si sa candidature en droit des affaires n'est pas acceptée. "Ce que je veux, c'est m'inscrire en M1 pour pouvoir passer les concours car j'aimerais être avocate", explique-t-elle. "J'ai eu les mêmes motifs de refus que d'autres étudiants au mot près, alors qu'on avait même pas le même parcours ! On nous dit tous : notes insuffisantes en droit pénal. C'est quand même bizarre non ? J'ai fait exprès de choisir des matières comme le droit fiscal ou le droit du travail pour un certain master, parce que cela m'intéressait. Au final, à quoi bon ?"

L'étudiante s'inquiète aussi pour la suite. "Sans bourse, je n'ai aucun revenu. J'ai une chambre au CROUS, mais je risque de devoir partir puisque je n'ai pas de certificat de scolarité... Franchement c'est grave d'en arriver là", ajoute Iman.

Certains passants s'arrêtent pour discuter. "Tu as le numéro de l'avocat dont je t'ai parlé ? Tu pourrais l'appeler", souffle l'un d'eux. "On peut vous aider comment ? Il y a une pétition ?", interroge une dame. "Bravo pour ce que vous faites, ce qui vous arrive c'est pas normal", leur lance une étudiante.

Plus de 5.000 candidatures pour 255 places en M1 de droit


Au-delà de ces cas particuliers, le manque de place dans les universités françaises et lyonnaises est un problème connu. Lyon 2 affirme ainsi que "cette année, la faculté de droit a reçu, toutes filières confondues, 5.537 candidatures pour 255 places en 1ère année de master (...) Le choix a été fait d'accroître les capacités d'accueil, en dépit de moyens limités. Il y a ainsi 269 inscrit.es, sur 255 places initiales, au 4 octobre."

Les services de la fac sont par ailleurs en lien avec les deux étudiants en grève de la faim. "La présidente a demandé une intervention du service de santé universitaire (SSU) pour que des agent.es puissent s'enquérir de leur santé. Parallèlement, elle a également pris contact avec la composante concernée afin de pouvoir étudier les dossiers de ces deux candidat.es", peut-on lire dans un mail adressé jeudi à la rédaction.

En dernier recours, Iman a lancé une procédure de saisine dans le cadre du droit à la poursuite d'études. Cette procédure doit aboutir d'ici la fin du mois mais cela ne signifie pas qu'elle sera acceptée dans le master de son choix.



De son côté, le rectorat affirme que "les saisines touchent à leur fin" et qu'un "travail actif est mené par les services académiques avec les universités pour recenser les formations où des places restent disponibles afin de proposer à nos étudiants des masters le plus proche possible de leur formation et de leurs aspirations."

"Il est important d'avoir en tête que la région académique est dépendante du nombre de places en master proposées (et créées) par les universités. Ce sont également les universités qui fixent les critères de sélection de leurs masters", ajoute également le rectorat... Renvoyant la balle dans le camp des facultés qui disent manquer de moyens.

Lors de sa conférence de rentrée, la ministre de l'enseignement supérieur Frédérique Vidal a indiqué que 4.400 nouvelles places avaient été créées pour cette rentrée, principalement en droit. Une nouvelle plateforme doit aussi être mise en ligne à la rentrée 2022.