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LYON : DANIEL CORDIER, AGENT SECRET DE LA RÉSISTANCE

Jeudi 26 Novembre - 05:30

Actualité


Daniel Cordier lors de l’inauguration de la nouvelle exposition permanente du Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation le 14 novembre 2012. - © Pierre Verrier
Ce jeudi après-midi, un hommage national sera rendu à Daniel Cordier, compagnon de la Libération mort à l'âge de 100 ans vendredi dernier. Pendant plusieurs mois, il avait participé à Lyon à l'unification de la Résistance aux côtés de Jean Moulin. Une rencontre décisive.


C'est en juillet 1942 que le jeune Daniel Cordier, à peine 22 ans, arrive à Lyon. C'est là, près de l'Hôtel de Ville, qu'il rencontre Jean Moulin pour la première fois.

Les boîtes-aux-lettres de la Résistance


"À ce moment-là, Jean Moulin était tout seul pour décoder lui-même les messages qui arrivaient de Londres. Dans un premier temps, Daniel Cordier l'a aidé à organiser ses réunions secrètes, en trouvant notamment des boîtes aux lettres. Sans internet ni possibilité d'utiliser le téléphone, c'était le seul moyen de communiquer", explique Isabelle Doré-Rivé, directrice du Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation.

Au moins 1.500 boîtes aux lettres ayant servi à passer des messages à Lyon, ont été retrouvées. Organiser les réunions n'était pas chose facile, elles se déroulaient d'ailleurs souvent en mouvement entre Bellecour et Perrache.

Isabelle Doré-Rivé a eu l'occasion de rencontrer Daniel Cordier plusieurs fois, notamment à Lyon. "C'était toujours un enchantement car c'était quelqu'un de très charmant, de drôle et surtout, extrêmement attaché à la mémoire de Jean Moulin."

La passion de la France et de l'art en commun


À première vue pourtant, tout semble opposer les deux hommes. Cordier s'était engagé contre le régime nazi non pas pour défendre la République mais la monarchie. Dans sa jeunesse, il a d'ailleurs participé à des manifestations souvent violentes, aux côtés de groupes monarchistes aux idées antisémites.

Jean Moulin s'en était évidemment aperçu, sans pour autant s'indigner. "Quand il rencontre Daniel Cordier, il l'écoute attentivement et il est séduit par ce jeune homme intelligent, vif et profondément attaché à la liberté de la France." Au contact de Jean Moulin dont il devient le Secrétaire, les convictions politiques du jeune Cordier évoluent.

L'art contemporain occupe également une place centrale dans cette relation presque paternelle (ils ont près de vingt ans d'écart). Jean Moulin lui a transmis cette passion pour l'art, qui lui servait aussi de couverture pendant la guerre.

"Le soir du 27 mai 1943, après la première réunion du Conseil National de la Résistance qui était une forme d'aboutissement de la mission de Moulin, les deux hommes sont allés visiter une galerie d'art. C'est un moment que Cordier n'oubliera jamais", poursuit Isabelle Doré-Rivé.

Isabelle Dore-Rive, directrice du CHRD. © Radio Scoop


Après la guerre, Daniel Cordier, devenu homme de gauche, deviendra galeriste. Tout en restant grand amateur d'art, il entreprendra dans les années 1970 une démarche de réhabilitation de la mémoire de Jean Moulin et lui consacrera plusieurs ouvrages.

"Un élément qu'il faut aussi souligner et qui a été très important, c'est le fait que Daniel Cordier ait pleinement assumé son homosexualité. C'était très rare pour sa génération, et je pense qu'il a beaucoup œuvré pour l'acceptabilité des orientations sexuelles", conclut Isabelle Doré-Rivé.