Il était une fois à Lyon, il y a plus de mille ans...
"Ce document, c'est un miraculé", lance Bruno Galland, le directeur des archives départementales. Entre ses mains, le plus vieux document conservé, datant de 861. Pendant la Révolution Française, il sera caché sous les voûtes de la cathédrale Saint-Jean et ne sera retrouvé... qu'en 1914 à l'occasion de travaux, avec des milliers d'autres. "C'est un petit roitelet qui essayait de régner sur la région à l'époque, Charles de Provence, qui accorde à la très importante abbaye de l'Île Barbe un certain nombres de privilèges."
On trouve aussi les cahiers de doléances que les communes ont adressé au roi Louis XVI au moment de la Révolution. "On a par exemple celui des habitants de Belleville, ce qui permet de savoir quelles étaient les attentes à l'époque. Ce n'est pas sans faire écho aux cahiers de doléances qui avaient été sollicités au moment de la crise des Gilets Jaunes", poursuit Bruno Galland.
D'autres documents retracent aussi les heures sombres de l'Histoire comme le procès de Klaus Barbie qui s'est déroulé à Lyon en 1987. "On a ici tous les documents issus des confrontations avec les victimes qui étaient encore en vie. Et il faut se rappeler que Klaus Barbie a été condamné notamment grâce à des archives ! Sa responsabilité dans l'arrestation des enfants d'Yzieu a pu être établie à partir d'un télex qu'il avait lui-même adressé aux autorités allemandes dans lequel il s'en félicitait."
"L'importance de se souvenir"
Une grande partie du travail des archives consiste aujourd'hui à numériser les documents. "Pour un lecteur qui vient consulter les archives sur place, il y en a cent qui le font sur ordinateur", précise le directeur des archives. Les documents les plus consultés et les plus fragiles sont notamment concernés.
Comme chaque année, les archives départementales préparent une exposition qui sera cette fois-ci centrée sur les 35 ans du procès de Klaus Barbie. Le 11 mai prochain, un ouvrage sur les femmes qui ont témoigné lors du procès, co-écrit par Stéphane Nivet et Alain Jakubowicz, sera présenté. À partir du 15 septembre, des dessins de presse de l'époque seront également exposés et mis en relation avec les images de ce procès filmé pour l'Histoire.
"L'objectif est à la fois de faire connaitre au grand public la diversité des archives que nous possédons, tout en rappelant l'importance de se souvenir", conclut Bruno Galland.